Le Brésil doit regarder ses propres migrants
Quelle époque où l'indignation n'est plus possible que par écrans interposés, à distance.
Lorsqu'un million de personnes sont descendues dans la rue le 15 mars dernier pour manifester contre le gouvernement de Dilma Rousseff (ou contre la corruption, cela n'est pas trop clair), la question raciale a ressurgi. En chute libre, la gauche au pouvoir a profité de ce remue-ménage médiatique pour instrumentaliser les Afro-Brésiliens.
Sept ans, c'est beaucoup. Sept ans que je vis en terra brasilis en toute sécurité et dans l'exercice pleine de mes libertés individuelles. Jamais encore, je n'ai vu personnellement un crime de grande envergure, jamais une arme n'a été pointée sur ma tempe. Pourtant, le ministère des Affaires étrangères de la République française classe le Brésil dans la catégorie "vigilance renforcée, zones déconseillées" des pays à éviter.
C'est une amie professeure d'université qui a bien résumé le sens de cette élection présidentielle brésilienne : « Mon vote pour Dilma Rousseff est un vote critique, mais convaincu » a-t-elle affirmé. Ce témoignage reflète une idée assez généralisée selon laquelle le mieux pour le Brésil est d'avancer avec les politiques sociales tout en réduisant la corruption. Mais c'est aussi un vote convaincu que la droite ne fera pas progresser le pays.
A São Paulo où l'on élisait le gouverneur de l'Etat le plus riche d'Amérique latine, quand le candidat du PT, Alexandre Padilha, l'ancien ministre de la Santé responsable de la venue des médecins cubains a été humilié dans les urnes, Lula a prononcé ces mots : « Nous avons une dette morale envers le compagnon Alexandre. Nous n'avons pas assez travaillé pour lui ».