Le Brésil investit dans l’éducation des pays en voix de développement

Le gouvernement brésilien est engagé depuis quinze ans dans un vaste programme de promotion éducative tourné vers les pays en voix de développement. Le PEC-G (Programme d’étudiants convenus) est un projet qui offre chaque année plus de 300 bourses d’études dans plusieurs domaines de connaissance: médecine, architecture, physique, technologie d’informatique, télématique, science politique, journalisme, biologie, ingénierie (de production, alimentaire, de matériaux, etc), cinema et audiovisuel, relations internationales, et autres. Le gros avantage de ce programme est que l’étudiant choisit son cours, la sélection des candidats étant complètement sous la direction des représentations diplomatiques du Brésil dans les différents pays; ce qui permet d’éviter la corruption et le clientelisme que l’on connait en Afrique. Un aspect très important de ce programme est aussi la diversité des pays impliqués, parmi lesquels la Barbade, le Bénin, l’Angola, le Cameroun, le Paraguay, la Bolivie, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, le Congo Brazzaville, la RD Congo, le Ghana, le Paquistan, l’Haiti, le Panama, le Cuba, El Salvador et j’en passe.
La diplomatie brésilienne emploie une approche différente pour augmenter son influence dans les pays en voix de développement en axant son action sur l’éducation, un investissement « sur la personne humaine » qui a déjà porté ses fruits lors de l’élection du directeur général de la FAO José Graziano da Silva. Il s’agit surtout de former une nouvelle élite dans les pays pauvres capables de s’exprimer en portugais et d’avoir une sensibilité particulière pour le Brésil. Remarquez le contraste avec les méthodes chinoises souvent taxées d’impérialistes…

Pendant un moment, les appels de candidatures pour les étudiants africains ont été interprétés comme une façon de contourner l’absence d’afro-brésiliens dans les universités publiques permettant ainsi de camoufler un mal plus qu’endémique dans le pays de la samba. Toutefois, on constate aujourd’hui une évolution aussi bien dans l’augmentation du taux d’afro-brésiliens dans les UFs (universités fédérales) que d’africains. Avec son boom économique le Brésil attire des étudiants des pays anglophones, hispanique, francophones et bien entendu lusophones. Rien que pour l’année 2008 par exemple, au moins 97 édtudiants congolais furent sélectionnés, et pour l’année 2013, plus de 40 béninois traverseront l’Atlantique.
Le Brésil est un pays plein de contrastes. Je me rappelle encore quand je débarquais ici en février 2008, et que tout de suite je devais repondre aux questions telles que: « le Congo, c’est un quartier d’Angola? » ou encore « il y a des poules en Afrique?« , « qui est le président de l’Afrique« , « C’est Mandela le président de l’Afrique« . Non, je n’invente rien, des milliers de brésiliens croient que l’Afrique est un pays et que sa capitale c’est l’Angola; du coup, RD Congo, Rwanda, Mali, Burkina Faso et autres sont des villes ou des quartiers pour eux… Mais ils ne sont pas méchants. Il ne s’agit pas non plus de préjugés. En général, ces vastes pays comme le Brésil, les USA, la Chine ou l’Inde ont une population moyenne peu intéressée au reste du monde. Savez-vous par exemple que l’ancien président américain n’a quitté son Texas qu’une fois élu à la tête de l’Etat. Il paraît que la classe moyenne américaine n’est pas plus éclairée que celle du Brésil. Si la population des régions Sud et Sud-Est est particulièrement éduquée, le constat opposé s’impose dans les régions Nord et Nord-Est, d’où l’importance de ces échanges culturels qui visent aussi à familiariser la population brésiliènne avec les cultures étrangères, cela étant une exigence de la mondialisation.
C’est que la population brésilienne moyenne n’avait pas autant d’opportunités d’échange avec les « pays pauvres » – pardon pour l’adjectif… -, pour eux l’Afrique se resumait à l’Angola; heureusement il y a eu la coupe du monde 2010 pour changer tout ça et nous faire grimper sur « l’échelle des pays à visiter ».
Mais il faut dire aussi que je vis une expérience extraordinaire depuis cinq ans. En effet, j’ai côtoyé des étudiants de plusieurs nationalités parmi lesquels des allemands – comme ils sont timides -, des norvégiens – ils sont très gentils et éduqués et ma foi, ils pensent que la vie est tellement facile -, des gens du Timor Oriental, un coréen, une costaricaine très mignonne, etc. C’est l’une des plus belles expériences de ma vie, connaitre tant de personnes venant de différentes cultures, ça nous grandit et nous fait tout relativiser. C’est peut être à cause de cela que je suis devenu un « relativiste »… Ici, on a un contact très fort avec les religions africaines, et aussi une vision moins entachée de préjugés vis-à-vis des homosexuels, etc.
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