Faut-il donner l’asile politique aux homosexuels du Cameroun?

C’est à une véritable épuration sociale qu’il faut se préparer au Cameroun. Elle ne sera pas dirigée contre les juifs, les tutsis, les arabes, les musulmans, les nordiques ou les sudistes… non, les victimes consensuelles, permettez-moi l’utilisation de ce terme, sont les homosexuels et leurs proches.
Consensuelles parce qu’il s’est créé au pays des crevettes une fausse idée selon laquelle on peut être en même temps contre la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun et être libéral quant au choix des individus d’être homosexuels ou hétérosexuels.
Quoi de plus contradictoire. L’homosexualité au Cameroun est un fait non seulement social, mais aussi poilitique, et ce, dans deux sens:
- Il y a eu une série de scandales dans les entreprises publiques et privées qui ont exposé au grand jour des pratiques d’harcèlement moral et physique contre des jeunes hommes en échange de postes de travail. Donc, dans la mentalité locale, lutter contre l’homosexualité c’est également une façon de combattre la corruption.
- Depuis un moment maintenant, la loi camerounaise pénalise l’homosexualité. Nous sommes donc dans une sphère purement politique car il s’agit d’une interdiction portant sur le style de vie d’une catégorie de la population.
Mes amis camerounais me pardonneront certainement cette violation de leur souveraineté, mais face à certains faits il est impossible de rester dans le silence, même dans cet espace connu pour son traitement de l’actualité brésilienne. Face à la barbarie je ne me tairai pas.
L’assassinat de l’activiste Eric Lembembe est absolument inadmissible. Il arrive après bien d’autres faits également graves comme l’exile de certains homosexuels, comme ce jeune parti provisoirement au Maroc et qui avait commis l’erreur de poster un témoignage sur Youtube – après quelques mois la vidéo n’était plus disponible sur le site. On se demande ce qui est arrivé à ce jeune Camerounais opprimé dans son pays et réfugié dans l’antre du loup.
Oui, les camerounais ont le droit de préserver leur identité nationale, mais la sexualité relève-t-elle de la sphère du nationalisme identitaire?
Je suis moi-même très critique envers l’idéologie droit-de-l’hommiste, et dans ce cas je m’allie à Léo Strauss: « si tout ce vaut alors le cannibalisme est une question de goût ». On ne peut être relativiste en tout et partout.
Et pourtant, je ne peut continuer dans le silence quand je vois des frères africains et haitiens plonger dans la haine. Cette haine est politique, n’en doutons pas.
Dans ce contexte, je fais appel à toutes les démocraties du monde pour qu’elles accordent l’asile politique à tous les camerounais homosexuels qui le désirent parce qu’ils se sentent menacés. L’heure n’est plus à la parole, mais aux actes… des gens meurent…
Commentaires