Médecins cubains au Brésil: Sortez docteurs!

Un ami brésilien qui est aussi judoka me pose soudainement une question bizarre: « Serge, que penses-tu des médecins cubains qui viennent travailler au Brésil? ». Mon Dieu! C’est quoi encore ça, me dis-je.
Ma réponse est aussi sêche que la stupidité de la question: « Et que penses-tu des dentistes brésiliens qui travaillent au Portugal? ». Car il faut savoir que les brésiliens sont des très grands professionnels de la médecine bucale, un talent qui est dû à la qualité de leurs excellentes facultés de odontologia. (à lire absolument)
Mais les brésiliens ont aussi la mémoire courte. Ils oublient vite qu’il n’y a pas si longtemps ce sont eux qui immigraient en Europe et en Amérique à la recherche des meilleurs salaires. Avec la croissance du pays, c’est normal que ces voisins américains, plus « pauvres », viennent tenter leur chance ici.
Il n’y a pas si longtemps que ça, je sortais d’un supermarché quand une femme arrête sa voiture à ma hauteur pour me demander si j’étais haïtien. A l’époque, 2 000 haïtiens étaient entrés illégalement dans le pays, pourtant le gouvernement leur avait accordé l’amnistie. J’avais donc deux motifs pour être soupçonné d’être un haïtien: j’étais noir et l’affaire était d’actualité.
Un problème de fond se pose au Brésil. Le gouvernement n’a aucun pouvoir de décision sur le nombre des médecins qui doivent sortir chaque année des universités. Le Conseil Fédéral des Médecins du Brésil (CFM) est aussi puissante que son équivalent américain, tout comme l’Association des Avocats des USA.
Il y a un énorme déficit de médecins au Brésil. (voir ici et là)
La solution trouvée par le gouvernement de Dilma est alors d’importer près de 6 000 médécins cubains, un pays dévenu une référence internationale grâce à l’excellence de son système de santé publique.
Maintenant, cette affaire des médecins cubains soulève la polémique dans les médias. Il s’agit simplement d’attitudes xénophobes que je ne cesse de dénoncer sur ce blog depuis un moment déjà, un phénomène qui grandit dangereusement au Brésil.
Après les haïtiens, c’est au cubains qu’on demande de dégager. Por favor doutores, sortez!
Complément d’infos pour l’article: sur ce lien, plus de détails sur les enjeux et les forces en présence dans cette affaire.
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