Serge

Universités gratuites pour les riches

L’enseignement supérieure au Brésil est gratuite, mais le système éducatif est loin de permettre aux pauvres l’accès à des institutions d’enseignements supérieures. Cette situation est le résultat d’un vaste système d’exclusion des pauvres, et par conséquent, des noirs de toutes les sphères publiques depuis l’époque de l’indépendance jusqu’à l’abolition de l’esclavagisme au Brésil.

Entre 1950 et 1970, une réforme de l’enseignement supérieur a permis de créer des universités fédérales dans chacun des états brésiliens. Ce nouveau système

décentralisé augmenta drastiquement le nombre d’étudiants admis par le seul critère du mérite. A ce niveau, tout parait normal. C’est sans compter sur l’exclusion des noirs et des pauvres confinés dans les favelas et qui n’avaient pas accès à l’enseignement primaire et secondaire de qualité. L’une des plus grandes contradictions sociales du Brésil réside en ce fait. Les riches ont accès à l’éducation primaire de qualité graces aux rare

Au Brésil, la population blanche est aussi la plus riche. Les noirs et les amérindiens sont pauvres et victimes d’exclusion. Un jeune blanc fréquente une école privée de très grande qualité et peut ainsi concourir à une place dans une université publique gratuite. Les pauvres, d’autres part, n’ont pas le bagage nécessaire pour prétendre à une place dans une université fédérale. Une décennie de gouvernements de gauche semble corriger ce déséquilibre tant social que racial. Le développement rapide de l’économie brésilienne a vu croite la classe moyenne et a propulsé une bonne partie de la population pauvre au niveau de consommateur privilégié dans tous les domaines de la vie sociale.s écoles privées très spécialisées qui contribuent à la perpétuation des inégalités. L’Etat n’a pas non plus investi dans l’enseignement public au niveau primaire et secondaire.

Au cours des dernières années, les universités sont “plus colorées” (en 2008, quand je débarque au Brésil avec mes collègues africains, nous formons le seul contingent de noirs dans l’université que je fréquente); et sont devenues des lieux de multiples manifestations démocratiques visant à éliminer les inégalités sociales et raciales d’un système éducatif élitiste. Le pays est sur la bonne voie…


Populisme de Droite et de Gauche au Brésil

Le processus de démocratisation du Brésil a commencé à la fin des années 1970, lorsque le régime des militaires a permis le retour des exilés politiques (plusieurs opposants brésiliens s’étaient exilés en France et au Chili avant l’avennement de Pinochet). En 1988, la “Constitution Citoyenne” a été promulguée scellant la fin du régime dictatorial.

La dictature brésilienne a commencé au milieu des années 1960, mais ses bases avaient été posées dès la décénie de 1945 avec l’instauration du régime populiste de Gétúlio Vargas. Ce président très populaire parmis les travailleurs – il gagna d’ailleurs le surnom de “père des travailleurs”, puisqu’il a crée la lois sur les droits travaillistes. Vargas a modernisé le Brésil, mais on lui doit surtout l’iniciative de promouvoir l’unité nationale, même s’il a usé d’une propagande presque stalinienne axée sur le culte de la personnalité. Sous Vargas, le Brésil a connu un populisme de gauche contre lequel les militaires se soulèverent dans les années 1960 pronnant le développement du pays à travers l’industrialisation. Contre le populisme de gauche hérité de l’ère Vargas, les militaires vont utiliser un populisme de droite comptant sur l’appui de l’église (la “marche de la famille avec Dieu pour la liberté” réunit des milliers de personnes dans les rues de São Paulo et Rio de Janeiro contre le gouvernement démocratique de gauche formé par João Goulart).

Il est intéressant de noter que le long de son histoire politique récente, principalement le côté démocratique, le Brésil n’a connu que des régimes populistes qui s’appuyaient sur un discours religieux, manichéen et moraliste. Ces gouvernements pouvaient être de droite ou de gauche. Cependant, cette tendance se perpetue jusqu’à nos jours.

Alors que le Brésil vit les dernières semaines de campagne électorale pour les élections municipales, on peut voir à tous les coins de rue des affiches de canditats avec des slogans comme “l’ami du bien”, “l’homme de bien”, etc. Un discours manichéen et moraliste qui caractérise bien la mentalité d’une société profondément chrétienne ayant une longue tradition populiste. A cela s’ajoute la propagande des médias, actuellement en “guerre” compte tenu du jugement du mensalão. A droite, les partis politiques dénoncent le risque du populisme que représente le Parti des Travailleurs. A gauche, c’est contre un éventuel coup d’Etat que l’on proteste. Les récents évènements en Honduras (2009) et au Paraguay (2012) font planner le spectre du coup d’Etat sur toute l’Amérique Latine.

De part et d´autre on dénonce un coup d’Etat en préparation. La droite et la gauche se jettent la pièrre. Les grands médias aussi sont accusés d’instrumentaliser le jugement du mensalão pour critiquer les politiciens augmentant la méfiance du peuple envers la classe politique brésilienne: “les politiciens sont des voleurs”, peut-on lire dans la presse. Dans les milieux académiques on parle déjà d’une “dictature des juges” en référence au pouvoir que gagne la Cour Suprème de Justice (STF, en pourtugais) depuis une dizaine d’années. Il y a quelques mois la STF a statué en faveur du mariage gay, elle a  par ailleurs autorisé la marche en faveur de la libéralisation des drogues légères.

A l’ONU…

La politique brésilienne, comme celle de toute l’Amérique Latine, s’appui sur un discours populiste. Deux décénies de gouvernements de gauche (Lula et Dilma) ont réduit les inégalités sociales; 40 millions de brésiliens ont quitté le seuil de pauvrété entre 2003 et 2012 selon une publication de l’IBGE. La droite politique brésilienne n’a donc pas assez d’arguments contre le gouvernement de Dilma Roussef et espère que le jugement en court à la STF fera chuter le PT aux élections municipales. Elle argumente aussi que Dilma aurait dû changer la politique macroéconomique du gouvernement Lula qui était basée sur la consommation de la classe moyenne: “cette politique est dépassée”, afirme-t-elle. Selon les partis de droite, Dilma devrait investir dans l’innovation et l’éducation sans parler des Nouvelles Technologies de l’Informatique. En outre, on reproche au gouvernement Dilma sa politique fiscale axée sur un taux de change flottant qui en se moment maintient le Réal (monnaie brésilienne) sous-évaluée. D’autant plus que cette politique fiscale ne fait pas belle figure face à la politique monétaire appliquée par la FED et la BCE. En voyage à New York, où elle tiendra un discours à l’Assemblée Générale de l’ONU, Dilma aura un ton dur contre les gouvernements des “pays riches”. L’opposition brésilienne à son tour accusera Dilma Roussef de vouloir cacher ses échecs politques et économiques derrière de fausses excuses (accusations) d’un tsunami monétaire provoqué par la FED et la BCE.

 


L’Amérique ne donnera plus de leçons

Les élections présidentielles américaines font la “une” de tous les médias internationaux alors que les politiciens du pays de l’oncle Sam ne fond rien pour mériter cette attention. Nous sommes là face à un phénomène qui rélève de l’habitude plutôt que de la nouvauté.

D’abord, nous avons eu droit au spéctacle des primaires républicaines où des candidats auto-destructeurs se chargeaient eux-même de décider à la place des électeurs, libérant ainsi la voix pour une candidature du modéré Mitt Romney. C’était bien un modéré il y a quelques années. Mais il n’a pas resisté longtemps à la pression des conservateurs du Parti des républicains. Donc, les républicains avait le choix entre plusieurs candidats qui ressemblaient plutôt à des caricatures des uns et des autres. Dans un tel scénario, Mitt Romney a su se faire une place. D’autant plus que l’ancien gouverneur du Massachussetts (ce qui n’est pas peu de chose) pouvait être fière de vanter ses méritent en tant que ex-premier citoyens d’un vaste Etat.

L’Amérique qui a surpris le monde en élisant le premier noir à la Maison Blanche offre le spéctacle d’une élection prévisible qui met en cause la qualité même de sa démocratie. Car, dans une démocratie les élections ne sont pas présibles. Le mérite – et la nature – d’une élection démocratique est que personne ne peut en prevoir le résultat. Or, il est clair que le président Obama sera réelu pour un deuxième mandat. Encore heureux, dira-t-on! Compte tenu de la tendance béliqueuse de Mitt Romney depuis qu’il a cédé aux appels des plus conservateurs de son parti, allant jusqu’à renier son propre “Romneycare”, ce programme de santé universel copié du modèle israélien (et même brésilien). Romney n’a jamais été l’extremiste que l’on nous peind. Sa transformation doit en surprendre plus d’un dans l’Etat du Massachussets. Cela démontre aussi la gravité de la crise démocratique qui sévit en Amérique. Le Parti des républicains n’a pas été à la auteur des enjeux du moment: tant nationaux qu’internationaux. Il n’ont pas pu se renouveller après le passage marquant de George W. Bush. Les démocrates eux l’ont fait.

Enfin, 2012 ne sera pas l’année d’une élection passionnante au Etats-Unis. Toutefois, les deux partis se sont arrangés pour nous montrer l’image d’une Amérique polarisée entre deux visions dominantes. Pour la première fois de leur histoire, les américains ne choisiront pas entre deux candidats, entre deux hommes aux qualités rares; mais ils auront le choix entre deux perspectives du monde. Ils auront le choix entre “deux Amériques”. Obama n’en est pour rien. Ce sont plutôt les républicains qui ont mal lancé les dés. Les américains ont surpris le monde en 2008, ceci n’est pas pret d’arriver en 2012. Comme quoi, les choses changent en quatre ans.


Brésil: des élections décidées à la Cour Suprême de Justice?

Les brésiliens iront voter dans un peu moins de vingt jours pour le compte des élections municipales. Ces élections se dérouleront avec comme toile de fond le scandale connu ici sous le nom de mensalão – grand “pot-de-vin” mensuel – ; nom donné à un vaste système de corruption qui a secoué le gouvernement Lula pendant son premier mandat (2002-2006).

Pour rappel, le Parti des Travailleurs (PT) avait été dénoncé d’entretenir une feuille de payement dont bénéficièrent des membres du parlement national. Ce système s’occupait de répasser des sommes assez considérables aux députés alliés du PT.  Finalement, il fut prouvé que des proches des l’ancien président étaient directement impliqués dans ce réseau. Mais cela n’empecha pas Lula d’être réelu en 2006 et de terminer son second mandat avec um taux d’approbation de 80 %. Le Parti des travailleurs a par ailleurs pu faire entrer Dilma Roussef au palais du Planalto, siège de la présidence de la république brésilienne. En effet, Dilma Roussef a bénéficié du travail de redressement entrepris par le gouvernement Lula. Ce dernier avait hérité d’une dette externe de 14 milliard de dolard qu’il parvint à liquider. Le brésil s’était essoufflé face à une inflation quase insurmontable et à un appareil étatique en faillite. Cependant, Lula reussit à installer un système monaitaire beaucoup plus rigide en même temps qu’il restructura les institutions étatiques. Les effets du “lulisme” garantirent trois mandats présidentiels au PT.

Ce qui confère à ces élections un ton particulier c’est le fait que la plus part des candidats en lisse sont, pour les uns, d’éventuels postulants à la présidence de la république pour les élections de 2014 et pour les autres des potentiels futurs gouverneurs des Etats. Le système fédéral brésilien est assez similaire à l’américain excepté pour le système électoral (mixte, ici). C’est-à-dire, majoritaire et proportionnel) qui n’a rien à voir avec le modèle étasunien.

Dans les grandes villes comme São Paulo, Rio de Janeiro et Porto Alegre le Parti des Travailleurs est en retard dans tous les sondages. Il est vrai qu’à São Paulo, les électeurs ont l’habitude de voter “centre-droit”; généralement pour les sociaux-démocrates (le PSDB, ancien parti de l’ex-président Fernando Henrique Cardoso a souvent remporter les élections à São Paulo). Ce parti est connu pour avoir mené les réformes structurelles des années 1990 s’appuyant sur le consensus de Washington.

Le déroulement du fameux procès du mensalão change complètement la donne des élections municipals même si le parti présidentiel ne veut pas l’admettre.  Dans les médias dominants les partis politiques de tout bord se livrent à une véritable bataille idéologique alors que les juges de la Cour Suprême de Justice essayent de maintenir leur indépendance. Quant à l’opinion publique brésilienne, il est encore três tôt pour déterminer à quel point ce procès aura un impact sur les élections de cette année. Ce qui est certain, c’est que les résultats des élections municipales, à mi-mandant pour Dilma Roussef, auront une influence sur les prochaines élections présidentielles; d’autant plus que son ancien ministre de l’éducation, Fernando Haddad, est candidat à la mairie de São Paulo. Si Dilma Roussef réussit à le faire élire, elle pourra tranquillement envisager les élections de 2014. Le procès du mensalão est um grand test pour le Parti des travailleurs.