Lecteur éphémère, je n’ai pas besoin de vous

Je n’irai pas par quatre chemins, je suis très en colère. Cette semaine, je n’ai presque pas publié de billets sur ce blog en raison de mes activités universitaires et certains lecteurs me l’ont fait remarquer. Pourtant, le 3 août, je publiai un article sur le racisme dont étaient victimes les Africains vivant au Brésil parce que certaines personnes les considèrent comme responsables du virus d’Ebola. Le 5 août, je m’attardai sur la guerre à Gaza m’interrogeant, sur le ton de l’humour, quant à l’indifférence de la communauté internationale face à ce drame.
Puis, je suis resté muet pendant six jours m’occupant de mes activités universitaires. Jusqu’au 13 août quand nous avons appris la mort du candidat à la présidentielle du Brésil, Eduardo Campos dans un accident d’avion à Santos (post précédent).
Avant cela, j’avais écrit sur ma page Facebook, une blague sous forme d’ironie affirmant que » j’avais attrapé le virus d’Ebola via fibre optique « ... certains de mes lecteurs qui ont lu mon post du 3 août ont évidemment compris que cette blague était en réalité une forme de protestation contre un certain type de racisme dont on est victime au Brésil.

Malheureusement, tous mes lecteurs ne sont pas intelligents. Non, sur ce point, je dois être juste avec mes vrais lecteurs. Car il y a ceux qui me lisent vraiment et les autres… le genre qui ne lit pas et critique tout s’arrêtant simplement sur une photo publiée sur Facebook ou le titre d’un article. Ils sont détestables. L’imbécilité du lecteur éphémère l’empêche de dépasser les 26 lignes (j’ai compté…) de mon article du 5 août pour comprendre que mon message (posté sur Facebook) était une forme d’ironie à l’intention des ceux qui nous accusent de porter le virus d’Ebola par le simple biais de notre africanité.
Deux choses m’ont donc été reprochées:
1. de ne pas assez écrire sur la RDC: bon sang ! Regardez donc le titre de ce blog, Carioca Plus, et en sous-titre, « Actualité, culture et société vues du Brésil ». Que faut-il encore pour faire comprendre à ces lecteurs éphémères que ce blog traite à 95 % du Brésil ?
2. de plaisanter sur un sujet trop sérieux, à savoir le virus d’Ebola : inutile de revenir sur l’explication de mon post. Le comble est que mon ironie a été comparée à une mauvaise blague sur l’Holocauste. Décidément, ces lecteurs-là ne comprennent rien à ma démarche, car j’ai écrit sur ce blog (voir le billet sur Anwar Congo) que je préparais un article scientifique sur les génocides au XXe siècle. Ceux qui prétendent recadrer l’humour n’ont eux-mêmes aucun sens de l’humanisme.

Ce qui est encore plus grave et que je pardonne difficilement, c’est qu’on remette en question mon nationalisme ou mon patriotisme. Premièrement, je ne le dis pas assez, mais j’ai écrit un texte de plus de cent pages analysant le processus de transition vers la démocratie en RDC depuis 2005 ainsi que la situation politique dans les Grand Lacs; ce texte sera bientôt publié dans une revue brésilienne dédiée aux relations internationales. Mais eux, qu’ont-ils fait pour ce pays, le Congo ? Deuxièmement, qu’ont-ils sacrifié ?
Ces gens qui critiquent mon « manque de patriotisme », qu’ont-ils perdu sur le plan personnel pendant ces années de guerre qu’à connues notre pays? Dans ma famille, nous avons eu des pertes humaines avec l’entrée de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) à Bukavu. Aujourd’hui encore, une partie de ma famille vit dans la tourmente dans une région constamment en guerre depuis 1994, l’année du génocide rwandais.
Si certains lecteurs souhaitent me voir écrire des billets de blog sur la R.D. Congo, ils peuvent toujours se rendre sur mon blog spécialement dédié à l’Afrique.
Je suis moi-même un lecteur de blogs, je ne suis pas parfait et je n’ai pas la science infuse. La RDC n’est pas ma spécialité même si je lui ai consacré quelques années d’études (et cent pages…). J’ai le courage et l’honnêteté pour l’admettre. Il y a plusieurs personnes beaucoup plus qualifiées que moi pour parler du Congo. D’un autre côté, si j’écris sur le Brésil, c’est parce que dans mon domaine, il s’agit d’une vraie spécialité. Si tout ce passe comme je le veux, un jour j’entrerai dans le cercle fermé des auteurs appelés « brazilianist », les universitaires étrangers spécialistes du Brésil.
En attendant, je tiens ce blog. Merci à mes vrais lecteurs…
P.S: Cette semaine j’ai été agréablement surpris par le commentaire d’un certain MKS, qui a lu mon Top 10 des films sur la mafia m’indiquant par ailleurs un autre film qui m’avait échappé. Ce genre de lecteur nous fait avancer…
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