Ebola : faut-il fermer les frontières aux Africains ?

La question n’est plus seulement posée, elle devient une tendance, plus encore, une exigence politique chez une bonne partie de la population brésilienne. Difficile pour autant d’en faire un portrait définitif, car dans cette mosaïque d’opinions racistes se retrouvent toutes les couches de la population : blanche, noire, riche, pauvre, de gauche ou de droite.
La peur nous fait faire les pires choses. Ce n’est pas nouveau. La montée du Front national en France en est la preuve. Dans l’histoire, plusieurs exemples le démontrent. Quand les hommes ont peur, ils optent pour la facilité, pour la cruauté et l’indifférence.
Depuis un moment, avec le regain épidémiologique du virus d’Ebola, la panique se fait présente sur les réseaux sociaux où la population se prononce pour la fermeture des frontières du pays.
Des propos qui sont l’évidence du racisme et de l’ignorance. Si un pays comme la France a toutes les raisons du monde de craindre une propagation de l’épidémie dans ses frontières, rien ne justifie une telle montée d’extrémisme au pays de Lula. Et encore, pour la France il faut relativiser [voir les explications en vidéo].
Certains ici, des leaders d’opinion notamment, appellent non seulement à la fermeture des frontières, mais exigent la réalisation d’examens médicaux pour tous les Africains désireux de venir au Brésil. Où est la démocratie?
Sur les réseaux sociaux, on lit par exemple ce type de commentaire:
Il faut régler la question car il semble que le Brésil soit une porte ouverte pour les Africains. Nous avons besoin de lois dures comme le font d’autres pays pour empêcher l’entrée des étrangers. Ils devront maintenant passer des examens médicaux avant d’entrer dans le pays.
Ou celui-ci:
Il est clair que des examens sont nécessaires pour stopper l’entrée des peuples ressortissants des pays contaminés au Brésil. Un plus grand contrôle aussi de la part des autorités. Ce virus est fatal et nous devons nous préparer, il s’agit d’une question publique et c’est de la responsabilité des gouvernants.
On demande donc un Etat d’exception pour les Africains. Vive la démocratie !
A-t-on jamais demandé à un malade de la grippe ou de n’importe quelle autre maladie tropicale (dingue…) que l’on trouve au Brésil de présenter des examens avant de prendre un avion? Si parfois on exige un certificat de vaccination, c’est dans l’intérêt du voyageur et non pas dans le but de le discriminer.
Ces gens-là, dont je ne devine pas encore les appartenances politiques, demanderaient presque que les personnes atteintes du VIH soient empêchées de voyager.
Est-ce un crime que d’être malade?
Mais, évidemment, pour le cas d’Ebola, la question est tout autre. La peur réside dans le fait que le virus tue à une vitesse hallucinante et qu’apparemment les pays atteints en Afrique ne semblent pas être capables de résorber l’épidémie…
C’est là aussi que se situe une grande confusion. Pour le Brésilien moyen, le Nigeria c’est l’Afrique, la RDC, une ville d’Angola, ainsi de suite. Donc, quand ils lisent qu’Ebola sévit en Guinée ou au Liberia, pour eux, c’est toute l’Afrique qui est responsable.
Par une facilité que je ne m’explique pas encore, on attribue ad nauseam la présence du virus en Afrique à quelque chose qui relève de la race. Ils sont Africains, ils portent Ebola !
Quand ils veulent, les Brésiliens peuvent être très cruels…
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