Les noirs meurent plus que les blancs au Brésil
Une étude publiée cette semaine à Brasilia fait état d’une situation plus que dramatique quant à la différence du taux de mortalité entre les populations noires et blanches au Brésil. La recherche intitulé La carte de la violence a été faite sous la coordination de Julio Jacobo Waiselfisz, et vient avec un sous-titre révélateur, La couleur des homicides au Brésil. C’est le Ministère de la Santé qui constitue la principale source d’informations dans ce domaine avec son Système d’infomation sur la mortalité (SIM). Ce système étant institutionalisé par une loi obligeant les autorités compétentes à infomer les causes de chaque décès, aussi bien que l’âge, le sexe, la profession, le lieu de la mort et la race de la victime.
Les informations sont soumises à une classification codifiée, ainsi le symbole x93 représente une mort provoquée par une arme à feu; x91, une pendaison ou un étranglement. A chaque décès on peut ainsi collecter des informations utiles sur les origines et les circonstances de la mort. Toutefois, la recherche pose certains problèmes méthodologiques étant donné que la classification d’une race est individuelle (l’auto-définition) , c’est-à-dire en gros que chaque citoyen déclare sa race – on rencontre ainsi des personnes blanches qui se révendiquent de la pupulation noire -. Ce phénomène d’autoclassification est le reflet d’un problème racial au Brésil qui constitue un tabu dans toutes les couches da société. Sur ce thème, le professeur Kabengele Munanga d’origines congolaises est devenu une autorité nationale.
Le rapport révèle des chiffres dramatiques qui établissent l’importance de la race dans l’occurrence des homicides. Selon cette étude, entre 2002 et 2010, pas moins de 272.422 citoyens noirs seraient morts à cause de la violence urbaine contre 144.174 blancs. On note ainsi une différence de 89% du taux de mortalité entre les noirs et les blancs. Le chiffre n’est pas moins scandanleux lorsque l’on regarde la différence des homicides entre les jeunes noirs (159. 543) et les jeunes blancs (70.725).
On note également un taux élevé d’incidences au Nord du Brésil – qui est aussi la partie la moins riches du pays -, le Nord-Est brésilien domine la liste avec plus de 15.000 homicides contre des noirs alors que 1.500 blancs ont été victime d’homicide dans la même région (2010). Par ailleurs, la région Nord-Est présente une suprématie par rapport aux autres régions du pays en 2010: le Sud avec 1.234, le Sud-Est avec 9.519, le Nord avec 5.250 et le Centre-Ouest avec près de 3.500 décès violents.
Les cinéastes brésiliens font la fête

Ces statistiques trouvent écho dans le cinema brésilien de ces dernières qui ne cesse de montrer sur le grand écran ce cadre violent caractéristique des villes brésiliennes et se concentre essentiellement dans les quartiers majoritairement peuplés par les noirs. Le lancement en 2007 du film Troupe d’élite marque la médiatisation d’un phénomène social très polémique au Brésil, à savoir, la nature de l’action des forces de l’ordre dans les communautés pauvres – certaines associations vont jusqu’à dénoncer un génocide contre la population noire. La violence policière étant très souvent comparée à la violence des trafiquants, les forces de l’ordre ont très vite trouvé des défenseurs dans la presse, et d’une certaine façon, ce film vainqueur de l’Ours d’or en 2008 jouait ce rôle.
Plusieurs autres films ont suivi cet élan et ont eu relativement le même succès. Aujourd’hui ce genre fait débat dans les milieux académiques qui dénoncent la création et la reproduction des stéréotypes servant à stigmatiser une population victime d’injustice depuis des siècles. Exposer la population noire comme étant essentiellement violente cache justement le besoin d’oculter ces injustices sociales séculaires.
On note néanmoins l’effort des autorités de changer l’abordage de l’action des forces de l’ordre dans les grandes villes, à l’approche des jeux olympiques et de la coupe du monde, ce changement est plus que bénéfique. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la création des unités de police pacificatrices (UPP). Leur stratégie est aussi bien communicationnelle que sociale et consiste à remplacer la présence des trafiquants dans les favelas par une présence policière, qui s’occuppe entre autres choses d’activités éducatrices, sociales, culturelles et sportives. Leur objectif est de sécuriser les favelas et aussi d’éloigner les jeunes adolescents de la criminalité.
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