18 août 2014

Gomorra: A Naples, la cité des hommes

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Crédit photo: bram willemse / Flickr.com

CINEMA | C’est un ami mondoblogueur qui me l’a signalé en commentaire posté dans un de mes articles sur la mafia au cinéma. Gomorra est une adaptation cinématographique du livre éponyme de Roberto Saviano, journaliste amateur de football qui s’est intéressé à la mafia napolitaine.

Au visionnage de Gomorra de Matteo Garrone , on ne peut s’empêcher de penser au chef-d’oeuvre tragique de Paulo Morelli  co-produit par Fernando Meirelles, La Cité des Hommes qui raconte les trajectoires croisées de deux garçons noirs et pauvres (normal au Brésil) emportés par la violence du trafic de drogue dans les favelas de Rio. On a du mal à croire que Barack Obama s’y soit aventuré lors de sa visite au Brésil

https://www.youtube.com/watch?v=2lH8AO9X0fk

https://mondecran.blogspot.com.br/2008_03_01_archive.htmlOn pense aussi et surtout au chef-d’oeuvre cartoonesque de Katia Lund et Fernando Meirelles, La Cité de Dieu, basé sur des faits réels mais curieusement dépeints avec des allures de bande dessinée. Ce film raconte l’ascension et la chute de Zé Pequeno, le truand le plus crédible et emblématique du cinéma brésilien. Qui oubliera Zé Pequeno avec sa coupe d‘Afro Samurai portant un flingue plus grand que sa tête? L’influence de ce film est incontestable et marque une tendance dans le cinéma brésilien jusqu’à Toupe d’Elite de José Padilha.

On retrouve cette même allure cartoonesque dont je vous parlais tantôt dans Gomorra, notamment dans une scène où l’on voit deux hommes à moitié nus s’exercer au « tir aléatoire » sur la plage… Un vrai délire psychologique d’adolescents dopés aux Scarface et autre Rambo!

https://www.youtube.com/watch?v=E2q3woM5qxc

PORTRAIT AMOCHÉ DE L’ITALIE

Le film est en lui-même difficile à aborder par la lenteur qui le caractérise. Pour une fois que la mafia italienne nous est montrée sans le romantisme ni le glamour qui ont marqués les oeuvres de Coppola et Scorsese, on ne s’en plaindra pas. Les « dons » sont ici des idiots apeurés.

L’auteur du roman, Roberto Saviano, vit on le sait dans la clandestiné depuis que sa tête a été mise à prix par la Camorra, la vraie mafia napolitaine.

On se demande au fil des minutes qui s’égrainent quelle est donc cette ville de Naples que l’on voit compter ses victimes sous nos yeux. Des hommes (et des femmes) se font tuer comme s’il s’agissait d’un abattage de bétail: avec une banalité effarante. La géographie de la ville (des tunnels et des plages) s’y prête à merveille, semble-t-il.

Hormis les maillots de Maradona et Paolo Cannavaro (le frère du champion du monde, Fabio) incrustés ça et là dans un sombre décor, rien d’autre ne nous laisse déviner que nous sommes bien plongés au coeur de Naples.

De près, ce film ressemble étrangement à la série culte de HBO, The Wire, par la profondeur sociologique que nous proposent ses auteurs, ou devrais-je dire, Saviano. Mais ici, les forçats sont chinois, main-d’oeuvre de la Haute couture, pas les noirs.

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