Avez-vous vu « W. » d’Oliver Stone?

Article : Avez-vous vu « W. » d’Oliver Stone?
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23 février 2015

Avez-vous vu « W. » d’Oliver Stone?

Je continue d’essayer de comprendre les événements contemporains malgré le brouillard médiatique qui nous empêche d’y voir clair. Et cette quète m’a mené vers un film méconnu du grand public – eh oui. Je ne sais pas dire pourquoi, mais ce film est difficile à trouver même en streaming. J’ai regardé le « W. » d’Oliver Stone et c’est à peine si je n’en suis pas sorti complètement « stone » tant le burlesque se mêle paisiblement à la tragique réalité que fut l’administrationn Bush.

Oliver Stone a toujours été un cinéaste atypique, complètement en marge de la logique patriotique des studios et parfois complaisante dans leur approche de l’histoire. Certains ont encore en mémoire l’incroyable film à succès portant sur la mort de JFK. D’autres se rappeleront de Platoon, peut-être le meilleur film sur la guerre au Vietnam. Stone porte sur grand écran des faits d’un réalisme absolu comme ces multiples scènes où l’on voit les boys fumer des joints sur le bout des canons de leurs mitraillettes…

C’est qu’Oliver Stone a vu la boucherie de très près. Il y a été au Vietnam, ce qui a forgé son caractère tout comme son anti-militarisme. La guerre n’est jamais que la manisfestion de la bêtise humaine servant aussi à rappeler que les hommes ne sont pas des dieux. On peut le lire dans les mémoires de Eugene Sledge, dont est adapté The Pacific, la série culte de HBO co-produite par Steven Spielberg et Tom Hanks.

Récemment, Oliver Stone a réalisé une contre-histoire de l’Amérique dans un documentaire fleuve de dix épisodes. Au boud de ce marathon, on se rend vite compte que la première puissance mondiale a souvent été gouvernée par des hommes médiocres. Sur la vidéo suivante, on le voit notamment critiquer Hollywood:

Le mandat de Barack Obama touchant bientôt à sa fin sans que ce dernier nous ait legué un grand héritage – loin s’en faut – , il est peut-être temps de commencer à tirer les leçons de histoire récente. Car oui, l’histoire des Etats-Unis nous concerne tous.

Selon ce que l’on peut voir, à cette distance des prochaines élections, l’Amérique peut-être obligée à choisir entre Hillary Clinton et… Jeb Bush. Je vais vous surprendre, mais j’espère que le cadet Bush sera élu à la place de madame Clinton qui représente, à mon humble avis, ce qu’il y a de plus rétrograde dans la classe politique américaine.

Un élément joue en faveur de Jeb Bush. Il marié à une méxicaine et comprend les exigences du monde actuel. C’est peu, oui. Mais, c’est toujours mieux que d’avoir madame Clinton, symbole du nombrilisme washingtonien à la tête de la plus grande armée du monde. N’essentialisons rien pour autant. Etre une démocrate ne fait pas d’Hillary Clinton une bonne politicienne, a priori.

Mais revenons donc à W., le biopic décapant d’Oliver Stone dans lequel Josh Brolin campe l’ami « George ». On découvre ainsi un côté virile jusque là insoupçonné chez l’ancien président.

 Le W. d’Oliver Stone, que l’on peut regarder en streaming gratuit sur ce lien,  est tellement diffcile à trouver que je me suis demandé s’il n’avait pas été en quelque sorte censuré. Cela ne m’étonnerais guère tant le sujet est sensible même dans une démocratie comme les Etats Unis. Chacun sait que même le très grand Martin Scorsese a vu son documentaire sur Bill Clinton être barré par le cercle fermé du couple présidentiel… Hillary sera bientôt en campagne.

Oliver Stone dresse le portrait d’une famille qui se prend pour le coeur de l’Amérique, le père Bush reprochant à son fils « de se comporter comme un Kennedy » – entendez par là un libertin immoral. Énorme !

Il faudra voir aussi la conversation entre W. et le prédisent Chirac à l’apogée de l’imbroglio diplomatique entre la France et les Etats Unis…

Au-delà de cela, les Bushs considèrent le « cas Saddam Hussein » comme une affaire de famille, le fils ayant juré « de venger le père humilié par Clinton mais aussi parce qu’il est faible ». George prend soudainement conscience de sa force et de l’appel divin qui lui réserve un grand destin.

Et la guerre d’Irak dans tout ça? Elle est à la fois la volonté de Dieu, une vengeance familiale et le fait de la cupidité des conseillers qui ne visent que le pétrole. On y apprend même que l’Iran était dans les « dossiers de guerre »…

On y voit surtout un homme qui à quarante ans est en train de rater sa vie. Il rentre en politique par hasard ou par vanité, ce ne sera jamais assez clair. Mais la leçon de ce film, et il y en a, c’est que W. Bush est une force de la nature. S’il désire quelque chose, il l’aura. Bush est un combattant, et son meilleur ennemi, c’est avant tout son père. Leur relation est freudienne. C’est hallucinant !

W. Bush est tellement humilié par son père – qui lui préfère Jeb – qu’il en fait sa force. Cela explique l’incroyable capacité du président à résister à l’impopularité au début de l’engagement en Irak.

Alors que les Oscars sont encore d’actualité en ce mois de fevrier, et que pas plus tard qu’hier je demandais à mes followers quel film amércain avait l’aura de Titanic sur ces dix dernières années, je me risque à dire que l’improbable biopic de Oliver Stone aurait pu tenir ce rang si seulement il avait été diffusé comme il le méritait.

Il est évidemment tard pour se lamenter. Bush est passé, Saddam Hussein aussi, l’Irak ne sera jamais qu’un pays du tiers-monde selon Francis Fukuyama, et Barack Obama termine une présidence sans tambour ni trompette. Reste donc à espérer que les américains choisissent un président décent la prochaine fois…

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