Burkina Faso : une thérapie pour un coeur sensible

« Le président du Burkina Faso ‘Blazé’ Compaoré a quitté son palais… ». La présentatrice du Journal de Globo News a eu du mal à prononcer le prénom de l’ex-président du Burkina Faso. Encore un pays africain qui se donne en spectacle aux yeux du monde.
Je suis un si grand pessimiste qu’un des amis m’a dit aujourd’hui que je n’étais pas un patriote. Je ne discute plus face à ce genre d’argument, car j’ai bien compris qu’il ne peut y avoir une seule manière de vivre son patriotisme ou son nationalisme. Le mien passe par la critique. Sans concessions. Toujours prêt à reconnaître les avancées, s’il y en a.
Je ne m’attarderai pas sur les récents événements qui ont eu lieu au Burkina Faso. D’ailleurs, tout observateur prudent aurait dû s’apercevoir que la « Révolution » finirait en eau de boudin… un peuple qui se révolte, un président qui s’en va tel un voleur dans la nuit, des généraux qui revendiquent le pouvoir, des capitaines (ils sont de plus en plus ambitieux en Afrique), des lieutenants qui désobéissent aux ordres parce qu’il y a de la place pour les opportunistes… combien de fois a-t-on vu cela en Afrique?
En Egypte, en Libye, au Mali et j’en passe. Les révolutions africaines engendrent leur propre « Napoléon ». Marx l’avait bien écrit dans le 18 Brumaire de Bonaparte : « l’histoire se produit toujours deux fois. Une première fois comme tragédie, une seconde fois comme une farce ». Sachant cela, j’en ai tiré mes conclusions bien avant…
Le seul mystère pour moi, dans cette « révolution » du Burkina Faso, était de savoir qui serait le « Napoléon autoproclamé ». Qui serait le farceur? Pour le coup, il semble bien que deux noms se dégagent…
En tous les cas, ces événements m’ont franchement dégoûté, attristé… et déprimé. J’ai évidemment pensé au Congo et à notre propre prince, Kabila. J’ai pensé à son projet de modifier la Constitution. Je l’imagine aujourd’hui, réuni avec son cabinet de gestion de crise pour anticiper d’éventuels troubles chez nous.
Et en même temps, je me suis rendu compte que sur les réseaux sociaux, autour de moi, le monde continuait d’avancer pendant que les Africains s’occupaient de la « révolution ». Ailleurs, il était question de glaçon artisanal, de Gracepoint, d’Ebola (n’oublions pas), de Gourcuff et d’une énième rechute, du coming-out de Tim Cook…
Oui, tout cela m’a déprimé. Cependant, je suis bien obligé d’accompagner la suite des événements. Ce billet de blog, je ne l’écris pas comme une analyse de la crise au « pays des hommes intègres », je l’écris comme une thérapie personnelle, une manière d’évacuer ce sentiment de déchirement qui s’empare de mon coeur. Là où beaucoup voient l’espoir, je ne n’y vois que la honte et la souffrance interminable des Africains.
P.S: j’ai appris qu’un groupe de chanteurs et artistes africains avaient interprété une chanson afin de mobiliser l’opinion face au virus d’Ebola. Il m’est donc venu à l’esprit qu’en Afrique, pour combattre les épidémies, il y a plus de chansons que de politiques publiques… si les choses n’ont pas beaucoup évolué depuis l’époque où j’y vivais encore, il y en a qui se font de l’argent derrière le dos du contribuable.
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