1 janvier 2015

Dilma Rousseff, mais qui es-tu finalement?

Comparer le Brésil aux Etats Unis, c’est pénétrer dans une forêt explorée. Pas uniquement à cause de leurs systèmes politiques quasi similaires, sinon que les deux chefs d’Etats dont je vais parler en sont arrivés soit au début soit à la moitié de leur second mandat respectif. Néanmoins, si l’un démontre une intelligence politique rémarquable, l’autre fait preuve d’une lâcheté politique incommensurable.

Dilma Rousseff prête serment dans un climat de défiance généralisée. Sans crédit à droite comme à gauche. Pire, « elle se met en opposition avec l’aile majoritaire de son parti (Parti des travailleurs – PT) et conséquemment avec son mentor Lula Inácio da Silva duquel elle s’éloigne peu à peu »explique le blogueur Fernando Rodrigues.  Selon ce même spécialiste de la politique intérieure pour le site Uol, la mise en écart des lieutenants de « Lula » révèle un tournant de la politique de la présidence Rousseff.

Des promesses, des promesses…

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La présidente Dilma Rousseff en campagne électorale – crédit photo: Blog do Planalto | Flickr.com

Elle a tout promis, mais c’est une coupe amère que les brésiliens s’apprêtent à boire en ce début d’année 2015. Dilma Rousseff continue sur sa lancée vers la droite (des idées et de l’action…) comme je l’avais annoncé à mes lecteurs sur ce blog. Le gouvernement très market friendly de Dilma Rousseff est finalement sorti. Si la droite est perplexe, la gauche pour sa part est outrée !

Les réformes politiques suivront: réduction de l’assurance chômage, restriction de l’accès à l’assurance décès… ne dit-on pas que les gens qui n’ont rien à perdre sont les plus dangereux?

C’est l’excellent éditorial du site de gauche Carta Capital qui se demande où Dilma Rousseff conduit ce Brésil et si elle le sait elle-même, car tous les signaux envoyés par la présidente démontrent l’absence d’une vision politique. Remarquez, nous restons là dans les canons de Marx:

« Les hommes font leur propre histoiremais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux: ils la font dans des conditions directement données et héritées du passé ».

« Il y aura des coupes budgétaires et probablement peu d’investissements dans l’éducation », s’inquiète un étudiant bissau-guinéen avec qui je me suis entretenu. La peur se repend. Dilma Rousseff fait peur. Dilma Rousseff s’adapte. Bref, Dilma Rousseff est une politicienne.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nicolas_Sarkozy_and_Dilma_Rousseff_(2011).jpg
Dilma Rousseff rencontre Nicolas Sarkozy à New York – crédit photo: Dilma Rousseff | Flickr.com

Jamais un gouvernement n’avait suscité autant de défiance dès la réelection d’un président, et cela se doit aux mauvais choix de madame Rousseff qui n’a cessé de courtiser les marchés aux détriments de ceux-là même qui l’ont aidée à remporter ce second mandant… sur le fil.

Comment Dilma Rousseff s’assoie-t-elle sur ses promesses? Pourquoi ce manque de courage? Pourquoi ne peut-elle pas agir (seule) comme Obama qui n’a pas non plus la tâche facile avec des républicains qui l’attendent au tournant? Qui est-elle, cette Dilma Rousseff qu’on ne comprend plus?

Le contre-exemple Obama

Lugar-Obama

Obama est à la moitié de son second mandat. Donc, il ne cherche pas une réelection. Cependant, il devra « préparer le terrain » pour le prochain candidat démocrate. 

Que fait Obama?  Il adopte une stratégie qui consiste à diviser le Parti Républicain. Comment? A travers sa politique d’immigration qui s’avère être la pierre d’achoppement des républicains .

Au minimum, le Tea Party et quelques conservateurs seront contre la « régularisation massive » des immigrés illégaux ( la majorité sont des « latinos »), ce qui tendra à leur faire perdre une bonne partie d’un électorat de plus en plus important (chez les républicains, l’un des nouveaux poids lourds est justement d’origines latines,Ted Cruz). Cette tactique porterait déjà des fruits si l’on en croit Betsy Woodruff du site américain Slate pour qui l’acharnement de Ted Cruz jouerait finalement en faveur d’Obama.

En d’autres termes, en pleine crise, Obama fait diversion en détournant l’attention de l’économie vers l’immigration: génial !

D’un autre côté, au Brésil, Dilma Rousseff divise sa propre base (comme l’indique l’editorial de Carta Capital cité plus haut dans cette note) et compromet toute perspective de victoire pour son parti en 2018.

Deux exemples qui illustrent parfaitement la lâcheté politique chez l’une et l’intelligence politique chez l’autre…

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P.S: Le choix de George Hilton, un néophyte, pour diriger le ministère des sports (à un an des JO de Rio) a également indigné le milieux sportifs en général. Autant dire que Dilma Rousseff a manqué son pénalty…

Pour aller plus loin, cliquez ici.

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Commentaires

renaudoss
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Eh ben ... on est un peu dur avec la Dilma! (je vois Déjà d'ici les matchos et phalocrates hocher la tête d'un air entendu et condescendant)
Au moins, on est sûr d'une chose, c'est que le Obama fait diversion, après eux deux le déluge comment tu disais déjà?: "« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux: ils la font dans des conditions directement données et héritées du passé »

Guy Muyembe
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Pas facile de succéder à quelqu'un comme Lula Da silva.Comme qui dirait on ne doit jamais émettre le souhait d'être le successeur d'un grand personnage.

Serge
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c'est vrai...