Secret, démocratie et élection du pape
Bon, Habemus Bergoglio. Je ne dirai rien sur le choc qu’a causé cette élection au Brésil, mais le silence qui a suivit l’annonce Place Saint-Pierre en dit long.
Lors d’une conversation avec mon ami Bodrick qui a affirmé que l’élection d’un pape était probablement la meilleure au monde, j’ai eu l’idée d’analyser un thème aussi vieux que la naissance des premières communautés: comment choisir nos gouvernants?
C’est bien le secret qui intéressait Bodrick, je le dis tout de suite.
A l’analyse, donc. La démocratie est un régime difficile à définir. Néanmoins je garde en moi ce que Norberto Bobbio – intellectuel et philosophe italien – avait suggéré pour cerner le sens de la démocratie. C’est ce régime qui éliminera au final le secret de la vie publique. La démocratie est la lutte acharnée contre le pouvoir invisible – les arcani imperi.
Et alors, je me demande bien si une élection comme celle du pape peut-être à juste titre qualifiée de meilleure alors même que le Vatican est l’un des Etats les plus conservateurs – par rapport au secret – de l’histoire.
Certes, le vote est toujours secret mais les faits qui entourent son organisation ne peuvent l’être; encore moins l’exercice du pouvoir.
L’Eglise aura aussi besoin d’un pape modéré au vu des scandales qui ont secoué les couloirs du Vatican, Benoit XVI a eu bien de mal à s’adapter à cette atmosphère digne de l’ère des Borgia.
Gaetano Salvemini, un autre italien qui fut un grand critique du régime de Mussolini regretta son acharnement contre le gouvernement de Giolitti. Il déclara alors: » Je reconnais que j’aurai été plus sage, si j’avais su être plus modéré dans mes critiques contre le système de Giolitti« .
La démocratie serait ainsi un régime taillé pour les plus modérés des politiciens.
Après l’abdication du pape Benoit XVI plusieurs voix se sont levées pour demander une réforme dans l’église catholique, plus de démocratie et un positionnement plus en phase avec le temps.
Je ne sais pas si c’est vraiment le but de l’Eglise, ni même si cela va de son intérêt; cependant, pour aspirer à un meilleur statut parmi les plus beaux régimes le Vatican devra prendre en compte les considérations que je me permets de citer ici (sans vouloir être arrogant).
Un intellectuel français disait même que la démocratie est un régime sans contenu, et c’est justement là que réside sa force. Dès lors qu’on en défini le contenu, elle court des risques de corruption.
Ça m’a rappelé l’article d’un blogueur malien qui s’interrogeait sur la qualité de la démocratie dans son pays.
Donc, Bouba, pour revenir à ta plainte de l’autre jour, ne sois pas si empressé de trouver un « contenu » à la jeune démocratie malienne.
Pour t’en convaincre, Bouba, je dirai juste que personne aujourd’hui n’est en mesure de définir de manière définitive la justice, l’égalité ou la liberté.
Enfin, pour en finir, comment faire pour que l’Eglise soit à l’image de nos sociétés, une démocratie?
Pour l’instant, la grande communauté des catholiques ne semble pas être préoccupée par le maintient du secret autour de la gestion du Vatican et de l’Eglise.
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