J’ai changé d’avis sur la CAN 2015
Non, ce billet n’est pas une traduction de l’article d’Emily Nussbaum (@emilynussbaum) du New Yorker, elle aussi victime de sa propre précipitation – ô vanité – comme moi; ce qui l’avait obligée à se rétracter publiquement et reconnaître la qualité de la série de Steven Soderbergh – The Knick – dans un article qui entrera dans les annales de l’humilité journalistique: I change My mind about « The Knick« .
Apprentis journalistes, apprentis blogueurs, apprentis sorciers, on vous a dit à l’école de journalisme, du blogging ou de la sorcelerie qu’un vrai professionnel ne change pas d’avis, qu’il ne se trompe jamais. Que se tromper et reconnaître son tort c’est courir le risque de perdre toute crédibilité… balivernes !
Il y a des occasions où changer d’avis vous grandit. C’est comme le disait un poète célèbre pour ses films d’action, Jean-Claude Van Damme: « seuls les idiots ne changent pas ». Et comme je ne suis certainement pas un idiot et que je me noie franchement dans mon intelligence… remarquez, je ne sais pas nager. Bref.
Oui, tout est affaire d’humilité. L’humilité d’un blogueur qui s’acharne contre une Coupe d’Afrique des Nations à laquelle il ne trouve aucune qualité (ça c’est moi); ou celle d’une journaliste qui s’attaque sans réserve à un chef-d’oeuvre sérielle (ça c’est Emily).
Mais, pour ma défense, je ne suis qu’un pauvre blogueur sans influences…
Je ne me tromperai pas si j’affirmais être l’un des critiques les plus féroces de la CAN 2015 et même de la RD Congo. Mon pays n’a-t-il pas livré le match nul le plus nul de l’histoire des coupes d’Afrique?
Ce dimanche encore j’écrivais ceci sur ma page Facebook:
Encore une fois, je reviens sur cette affaire de calendrier de la #CAF. Il me semble nécessaire d’ouvrir un débat sur l’organisation de la #CAN en juillet. Lors du premier match de la #RDC, se jouait à la même heure City – Arsenal. Inutile de vous dire quel match j’ai regardé. Aujourd’hui, de nouveau la RDC joue… en Europe, il y a Chelsea – City, Real Madrid C.F.– Real Sociedad… Le football, ce n’est plus une question de patriotisme monsieur #Hayatou , alors quand vous mettez votre propre compétition en concurrence avec les meilleurs championats du monde, c’est dire si vous vous fichez du monde. Personnellement, j’aime le beau jeu… je ne regarderai donc pas la #CAN2015 aujourd’hui.
Bon, voilà. Non seulement j’ai regardé le match, mais en plus j’ai aimé. Je demande publiquement pardon comme Emily. Si elle l’a fait, pourquoi pas moi? Mais, sur cet aspect du calendrier, je signe.
La RD Congo a toujours été un pays atypique. En 1998, au Burkina Faso, nous avions renversé la situation en trois minutes inscrivant 3 buts. Du jamais vu dans le football professionnel. Mais comme le dit un célèbre chanteur congolais JB Mpiana, « RDC eza eloko ya makasi »*.
Les situations impossibles, ça nous connait. Et voici donc que dans une CAN marquée par son austérité, la RDC inscrit 4 buts en 30 minutes. Il y avait 5 % des chances que cela arrive dans cette CAN. Fini aussi, le mythe du sorcier blanc.
Nous sommes en demies finales, Kabila est content, Vital Kamerhe est contrarié et me voici donc reduit à faire l’éloge d’une compétition qui a vécu sa seconde vie dès l’instant où le ghanéen Gyan a inscrit ce but fabuleux contre l’Algérie.
Vivement la suite.
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* La RDC est une affaire des durs, traduit du lingala.
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