C’est confirmé, critiquer la Coupe du monde ne te rend pas plus intelligent

Ami internaute, ce n’est plus la peine de manifester ta colère contre la Coupe du monde du Brésil. Selon des personnalités très bien placées dans les milieux universitaires brésiliens, le débat relatif à la mauvaise organisation de la Coupe du monde s’est dénaturé et en a perdu tout son sens, si ce n’est le caractère passionnel de ceux qui attaquent le grand événement sportif organisé par le Brésil. Critiquer la Coupe du monde peut être le signe d’un manque d’intelligence…
Pour une sociologue spécialiste des questions morales dans le sport et que j’ai interrogé sur ce thème (mais dont je me garderai de révéler l’identité), « la critique de la Coupe du monde est entrée depuis longtemps dans la sphère de la passion. Il n’y a plus aucune rationalité, il n’y a plus de véritable débat… ».
D’ailleurs un titre du journal Folha de São Paulo lundi est révélateur de la dégradation du débat et des amalgames véhiculés par les propres médias. Voulant critiquer le fait que l’équipe nationale allemande de football se soit retranchée sur la côte de l’Etat de Bahia, perturbant au passage la tranquilité des habitants, le journal ose un parrallèle douteux avec le la construction du Mur de Berlin.
Folha de São Paulo fait un raccourci dangereux et plein de préjugés contre les allemands. Si les habitants de la petite cité cotière ont été brutalisés, ce n’est évidemment pas la faute de la National Manchaft, mais plutôt celle de la Police Militaire de Bahia, voire du Parlement brésilien qui a voté une « Loi Spéciale de la Coupe du monde » autorisant certains comportements brutaux aux forces de l’ordre, ainsi que des jugements expéditifs par les tribunaux – voir aussi ce qui s’est passé en Afrique du Sud en 2010.
Un autre article a attiré mon attention cette semaine. Il s’agit du billet d’un des blogueurs brésiliens les plus influents ( un ancien journaliste de Folha de SP) connu aussi pour être supporter de Fluminense, le club de football où évolue Fred notamment. Alors qu’il énumère les raisons qu’il supportera les autres 31 équipes contre le Brésil lors de ce Mondial, André Barcinski ne se rend pas compte de ses propres incohérences. Preuve que le débat n’est plus rationnel.
Selon lui, « il n’ y aucune raison de supporter l’équipe de la CBF (la confédération brésilienne de football) qui est une entité corrompue ». Mais il oublie que son équipe de coeur, dont il administre un blog spécialement dédié évolue dans ce même championat de la CBF, la Seria A.
Enfin, pour te prouver, ami internaute, que le football n’est définitivement pas l’opium du peuple, écoute plutôt ce spécialiste des relations internationales interviewé par RFI. Selon lui, « la Coupe du monde renforce les liens sociaux au niveau local et contribue à la formation du Bonheur National Brut (BNB) »… Il pense évidemment au concept inventé au Bhoutan, mais depuis lors enterré.
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P.S: Merci à la journaliste Cybele Soares de m’avoir gentiment cédé cette photo
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