Et Dieu… créa la Coupe du Monde

Au risque de vous paraître quelque peu banal, cher lecteur, je vous avoue que lorsque l’idée d’aller faire mes études ailleurs, c’est-à-dire hors d’Afrique, m’est venue en tête, j’ai choisi le Brésil aussi et surtout parce que c’est le pays du « sport roi ». Imaginez donc ma joie à quelques semaines du début de la Coupe du Monde la plus « attendue » de tous les temps. Quoi qu’il arrive, ce Mondial restera dans les annales… pour le jeu ou pour la fronde sociale.
Quoi qu’il arrive. Parce que tout peu arriver dans cette Coupe du Monde, par exemple, le scénario catastrophe où, pendant un « Argentine vs Brésil« , les supporters du Maracanã se mettraient tout d’un coup à scander des « Argentina, Argentina, Argentina… « ou pire, des « Messi, Messi, Messiiii… ! « .
Car, oui, les Brésiliens sont capables de tout, n’en déplaise à ce cher Michel Platini. Tenez, un exemple. Ce 26 mai, la Seleção se présentait à Granja Comary, intérieur de Rio de Janeiro, à Teresópolis. Et à la « surprise générale », un groupe de professeurs d’écoles municipales a protesté contre l’équipe de Felipe Scolari : l’impensable s’invite à la #CopasDasCopas… hashtag inventé par… Dilma Rousseff, alias @Dilmabr !
Cette Coupe du Monde au Brésil arrive aussi avec son lot de préoccupations et de peurs. On nous annonce jour après jour des grèves; la dernière qui en a effrayé plus d’un : la grève de toutes les corporations des forces de l’ordre, à savoir : police militaire, police civile et police fédérale. Bonjour l’enfer… comme ici à Récife où les militaires sont descendus dans les rues, chars de combat compris…
Comme l’a signalé un ami sur Facebook, « combien de grèves jusque-là? J’en ai perdu le compte. » Vous voyez bien que la fête est complète. C’est le moment où tout le monde manifeste, le gouvernement étant en état de faiblesse. Le rapport des forces penche en ce moment du côté des syndicats, c’est clair. C’est donc un peu l’anarchie.

J’avais pensé à vous faire un « top 10 des grèves qui paralyseraient le Brésil pendant la Coupe du Monde », mais j’ai hésité ne sachant pas trop si je passerais le top 6. Mais, remarquez, il y a de quoi faire une équipe de volleyball: grève des policiers, grève des banques – eh oui, aussi – , grève des professeurs – tout le monde s’en fout ça – , grève de la poste – pas cool ça – , grève des médecins – ah non, pas ces parasites-là ! – , grève des footballeurs? – alors là… ce serait le comble.
Je vous dis ça comme ça en rigolant, mais rien n’empêche que tout cela n’arrive effectivement pendant cette Coupe du Monde.
Et pendant ce temps, la presse et les médias en général font l’union sacrée autour de la Seleção de Felipe Scolari. « Ah oui, moi aussi j’aime la Coupe du Monde », donc, j’adhère. Et vive le conflit moral : avec ou contre le peuple, that’s the question !
Si vous pensez que la question est simple, détrompez-vous. Les meilleurs d’entre nous s’y sont cassé les dents, à l’instar de Ronaldo et Paulo Coelho…

Le mythe des « saints du Monte Cristo »¹, construit au pied des collines de Rio s’étiole. Ses dieux, ses rois et ses anges aux jambes tordues se sont perdus dans la misère d’un peuple oublié par ses élites.
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¹ Référence au Cristo Redentor.
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