Traité de cynisme politique

J’ai décidé d’écrire un livre. La pression a été trop forte de la part d’une partie de mes lecteurs africains fatigués de me voir publier des textes sur le Brésil – où tout va bien – ou l’Amérique Latine. Ce livre s’appellera « Traité de cynisme politique ».
Ainsi comme Le Prince de Machiavel, il ne s’agira pas d’un mode d’emploi déstiné à enseigner aux gouvernants comment mater leurs citoyens, mais bien d’une « leçon pour les peuples ». Quoi? Vous n’avez jamais lu Le Prince de cette façon?
La raison pour laquelle j’écrirai ce livre/traité est simple: mon intention est de proposer aux Chefs d’Etats africains de nouvelles méthodes de perpétuation au pouvoir; des méthodes moins dramatiques que celles employées par Bouteflika… nous seront donc en mesures d’éviter certains dilemmes moraux.
Des méthodes moins incendiaires que celles que Joseph Kabila a l’intention d’adopter. Pour Yayi Boni, Paul Biya et les autres ce traité sera très utile pour améliorer leur image tant à l’interne qu’à l’international.

Mon Traité de cynisme politique pourrait aussi bien s’intituler « Comment durer comme Poutine, Lula ou Bachelet? » ou « L’art de changer pour recommencer« .
Franchement, ce qui fait défaut à Bouteflika, Kabila, Biya ou Yayi Boni c’est juste un peu d’imagination politique. Pourquoi enchaîner 4 ou 5 mandats de suite quand on peut partir – deux ou trois ans en vacances – et revenir de plus belle avec en plus la légitimité démocratique?
Tenez par exemple, Poutine. Après deux ans de mandat-ferme, il cède sa place à Dimitri, bon élève et petit soldat docile. Juste le temps d’aller au petit coin et de revenir encore plus puissant que jamais… pour encore deux mandats-ferme. Ce qui lui fera un total de 16 ans au pouvoir sans forcer.
L’autre méthode serait de laisser l’opposition gouverner pendant un bref mandat – qui serait fatalement catastrophique – comme au Chili où Michelle Bachelet est revenue encore plus légitimée dans ses fonctions présidentielles qu’avant. Je voyais bien ce scénario se réaliser dans l’Algérie de Bouteflika, surtout dans ce contexte politique figé qui est le leur.
Enfin, la dernière méthode que j’aime particulièrement est celle employée par l’ancien président Lula da Silva et qui correspond parfaitement au sous-titre de mon Traité, « L’art de changer pour recommencer ». Ici aussi, la tactique est très simple: il suffit de placer à votre place une personne sans aucun charisme, de préférence une femme – hein Kabila, pense à ta soeur jumelle – , de la faire élire démocratiquement et, enfin, durant tout son mandat, la faire convoquer dans chez soi afin de lui filer les dernières instructions sur la gouvernance du pays…
Mais, encore une fois, ce « Traité de cynisme politique » ne sera pas un mode d’emploi pour les dirigeants, mais bien une leçon pour les peuples.
J’ai dit !
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