Dame de fer, non ! Juste femme !

C’est normalement une femme qui aurait dû écrire ce billet. Mais après avoir constaté le silence de mes amies « mondoblogueuses » sur cette question ô combien importante j’ai décidé de m’attaquer à ce que je considère comme une « bêtise journalistique » élevée au statut de « mythe » en terme d’écriture. Avez-vous remarqué qu’à chaque fois qu’une femme remporte une élection, les plus grands journaux du monde titrent quelque chose comme « Une dame de fer dans un monde de brutes » (Allô, Le Monde.fr) ? Que nous révèle cette tendance dans les meilleures rédactions du monde?
Premièrement, laissez-moi vous dire que ce titre ne veut absolument rien dire ! Si vous voyez cette formule « dame de fer », fuyez ! Cela veut dire en gros que le journaliste qui a écrit le texte ne connaît rien au sujet traité ou qu’il est relativement paresseux.
Deuxièmement, ce titre revient à dire que les électeurs (hommes et femmes) votent essentiellement à la recherche de la rigueur, de l’austérité, de la masculinité ou encore de l’autorité… mais dites-moi: d’où nos amis journalistes tiennent-il cela?
Ensuite, cela signifie que « dans la tête de notre ami journaliste », en votant pour une femme, les électeurs voteraient en fait pour… un homme. Houla ! Là, il devient urgent d’appeler Freud. Parce que, chers lecteurs, comprenez bien le sens de cette formule, « dame de fer ». Elle renvoie à une certaine bestialité, la femme aussi serait un animal politique dans le genre Jacques Chirac, Richard Nixon ou Winston Churchill… une bête sans état d’âme, épargnée par la maternité et peut-être, finalement castrée, asexuée…
Car, selon « ce qui se raconte » dans les grandes rédactions du monde, la première des ces « dames de fer » était probablement asexuée… si, si, Margareth Thatcher (HuffingtonPost.ca) n’avait rien d’une femme… et même que c’est pour ça qu’elle a changé le monde…
Vous avez compris ? Pour qu’une femme change le monde, il faut donc qu’elle cesse d’être une femme, selon nos amis journalistes.
L’autre erreur que renferme ce titre réside dans le fait que les femmes y sont considérées sans distinctions politiques, elles seraient toutes des « dames en pantalon », ni de gauche, ni de droite, ni vert, ni d’extrême droite… bref, juste des « dames en pantalon ».
Si, donc, vous lisez « Dame de fer », sachez d’avance que pour le journaliste responsable de l’article, Angela Merkel égale Anne Hidalgo qui est égale à Ségolène Royal, qui est égale à Dilma Rousseff qui est égale à Michelle Bachelet (lien important) qui est égale à Catherine Samba Panza. Facile, n’est-ce pas, cette mathématique à deux balles?
Quoique pour cette dernière qui revendiquait, lors de son élection, sa particularité justement féminine, cela aurait été mal vu de la qualifier de « dame de fer »… il est vrai que la Centre Afrique n’a pas besoin de « fer » en ce moment…
Enfin, disons simplement que la formule « dame de fer » dénote tout simplement le fait que les rédactions en général sont encore très machistes, voire sexistes, et qu’en définitive, elles considèrent que la politique est la chasse gardée des hommes… donc, mes « dames de fer », gare à vous !
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