Con une fois, con pour toujours

On commence avec une petite dévinette? Qu’est-ce qui est plus ridicule qu’un blanc raciste? Facile, un noir homophobe. Encore qu’un juif qui veut coloniser la Palestine, c’est pas mieux… mais ça, c’est une autre histoire.
Franchement, il y a des jours où je me passerai bien d’écrire un « billet dur » mais il faut croire que les cons ne prennent pas de vacances, donc moi non plus. Vous savez ce qu’on dit, une connerie c’est comme la vérité… c’est têtue.
L’autre jour je suis sur Facebook et je tombe sur un post hallucinant d’une cousine qui disait à peu près ceci:
« homosexuels, lesbiennes et franc-maçons ouest-africains arrêtez de m’envoyer vos invitations sur Facebook, j’en ai marre finalement. »
Ok ! Là, je comprends que cette fois-ci j’aurai du boulot. Premier réflexe, j’écris à l’intéréssée et lui demande de modérer ses propos. Mais, comme j’ai dit, la connerie est têtue et je me retrouve emporté dans un torrent de commentaires homophobes et irrespectueux. Sur le coup, j’ai envie de dire: « vous les cathos, arrêtez de me parler sur Facebook », mais je pense alors que je risque de perdre 90 % de ma famille sur ce site.
Donc, je respire, je me calme et efface simplement mon commentaire du post pour ne plus en recevoir de feedback.
Mais vous croyez que je suis tiré d’affaire? Non ! Une minute après, un ami très proche, africain lui aussi, m’écrit « inbox »:
– tu as peur des homos?
– Merde, non. Mais il faut modérer nos propos.
Il poursuit:
– Si ton fils est homo que ferais-tu ? Moi, je réponds…
– Je m’en fous si mon fils est homo, c’est son cul, je ne vais pas le tuer, non?
Mais lui: – « Moi je le tuerai, et je te tuerai aussi… «
Chers lecteurs, normalement, c’est ici que vous souriez. Non? Eh bien, moi non plus.
Disons que cette petite histoire m’a fait pensé à beaucoup de choses en rapport avec les africains. L’autre jour je lisais que les étudiants de Science Po avaient lancé une campagne pour dénoncer le racisme ordinaire dont les africains étaient victimes. Oh, ils s’indignent, les pauvres. Mais ce que personne n’a dit, c’est qu’à coup sûr 95 % de ces personnes sont homophobes. À quand une campagne contre l’homophobie ordinaire des africains alors? Car c’est ça la réalité en Afrique.
Moi par exemple, pour « moins que ça », c’est à dire la longueur de mon nom, j’ai été plusieurs fois discriminé au Congo. Mon crime? Mon nom à cinq syllabes suggérait des origines rwandaises. Et au Congo, être rwandais c’est un peu comme être homosexuels. Vous voyez ce que je veux dire?
Chers lecteurs, là, c’est le moment où vous commencez à vomir. Quoi? Vous aussi?
Un jeune ami me disait il n’y a pas si longtemps que le racisme en Afrique c’était le tribalisme. Ce avec quoi je ne concordais pas exactement, mais c’est un débat théorique impossible à engager ici.

Ce qui importe, c’est d’observer la contradiction de nos frères africains. Ils sont anti-racistes, homophobes et tribalistes. Bon, et accessoirement catholiques. Allô, Freud !
Au Brésil, un tel mélange donnerait une feijoada*.
Il y a deux ans, j’avais écrit sur ce même blog que « Les noirs en Afrique ne savent pas qu’ils sont noirs ». C’est tellement vrai qu’ils peuvent se permettre le luxe d’être homophobes.
Tout cela m’exaspère terriblement. Mais comme je l’ai dit, la connerie, tout comme la vérité, est têtue. Je serai donc prévoyant. Vous savez quoi? J’ai même le titre d’un troisième « billet dur » après le « retentissant » « Désolé, mais le noirs sont des cons » et celui-ci. Avez-vous deviné?
J’ai été tenté par un classique « Désolé, mais les noirs sont quand même des cons » comme l’a suggéré une amie, mais finalement, je suivrai la logique du syllogisme: « Jamais deux sans trois ».
Parce que je sais qu’un troisième con n’est jamais trop loin…
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* Plat traditionnel brésilien à base essentiellement de haricot auquel on ajoute de la viande, du saucissons, du maïs, etc. Porte aussi une conotation péjorative pour désigner un mélange indigeste.
P.S: Au lecteur ivoirien qui m’a abordé à l’espace Latrille, à Abidjan… tu vois bien que ce n’est pas de ma faute.
Complément du billet: Merci à Ulrich pour ce lien qui aide à comprendre les contours de l’homosexualité dans l’histoire de l’Afrique.
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