Quand Michel Maffesoli s’attaque à Mediapart…

Michel Maffesoli est un intellectuel prolifique ancré dans la dynamique globalisante et transitoire de notre époque. Il est connu pour ses travaux sur « la raison sensible » — une rupture épistémologique, qu’il convient de signaler — et sur « le monde réenchanté » — une relecture de Max Weber, comme l’auront remarqué les initiés.
Mais ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est une interview que le sociologue a accordée à l’émission Idées de RFI, à l’occasion de la sortie de son dernier livre Les Nouveaux bien-pensants, où il s’en prend notamment à Mediapart et à son fondateur Edwy Plenel, ce « commissaire du peuple », selon Maffesoli en personne.
Et je dois dire que je suis assez d’accord avec lui sur certains aspects. Car le point de départ de Michel Maffesoli est une vieille maxime ultrapopulaire, « la fin justifie les moyens », que l’on tient d’une lecture superficielle de Nicolas Machiavel (voir, Le Prince).
Maffesoli s’attaque donc au principe et à l’éthique qui orientent la démarche de « Mediapart » qui « rend tout transparent » Ici aussi, on dirait une incompréhension de la transparence en démocratie. Pour mieux comprendre ce concept, je recommande la lecture de la philosophe Simone Goyard–Fabre (PDF).
« Mediapart » ne serait donc pas un journal de nature à préserver la démocratie française, selon Maffesoli : « Non, la fin ne justifie pas les moyens », accuse-t-il. Là encore j’ai tendance à être de coeur avec son avis.

« Le journalisme d’investigation est dangereux! », tranche-t-il encore.
« L’inquisition est toujours dangereuse… » peut-on encore entendre dans cette polémique interview. Qui serait capable de contredire cette dernière sentence ?
Pour ma part, je considère qu’il y a quelque chose d’assez pervers dans le « nouveau journalisme ». Et encore, curieusement, le journalisme qui a perdu toute son « aura » et toute sa légitimité au sein de la société prétend se positionner comme le garant d’une certaine moralité politique.
On est dans une situation où le public et le privé ne sont plus séparés, et c’est une faute professionnelle.
Michel Maffesoli est effectivement l’un des intellectuels étrangers les plus lus au Brésil parce qu’il se frotte aux phénomènes sociaux qui relèvent de la post-modernité, et disons-le sans peur, du Nouveau Monde… de la pensée périphérique. En somme, tout ce qui ne se fait pas en Europe actuellement.
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