Dépénaliser l’inceste, un droit ?

Un ami m’a fait le plaisir de m’envoyer une vidéo très intéressante où il est question de la sexualité au sein d’une famille. Si, si, vous avez bien lu. Je parle bien de l’inceste. Alors, soyons clairs, il s’agit évidemment de relations consentantes entre deux adultes.
Le débat a eu lieu en Suisse. Plusieurs intellectuels y ont pris part. Je vais donc vous passer quelques arguments qui me paraissent intéressants avant d’émettre une opinion plus personnelle, mais scientifiquement reconnue, car j’ai eu la chance de travailler sur ce thème pendant mes études universitaires.
Pour Ursula Cassani, professeure de droit pénal, la dépénalisation de l’inceste serait « une disposition qui fragilise la protection des enfants au sein des sociétés, mais c’est aussi la famille qui est fragilisée ».
Notez que la loi n’autorise que les relations entre adultes et donc que l’argument d’Ursula Cassani paraît plus être de l’ordre de la prévention qu’autre chose.
D’un autre côté, Thierry Collaud, médecin et éthicien va plus loin affirmant que « l’inceste est une menace pour la société ». Cette idée ne date pas d’aujourd’hui. Et ici, je me permets de donner mon opinion sur l’idée même de la famille et son rôle dans l’organisation de la société et de la sphère politique. Claude Lévy-Strauss et Franz Boas ont longtemps étudié les structures familiales qu’ils ont définies comme étant la base de l’organisation socio-politique. Dans d’autres sociétés plus « archaïques » la famille correspond à l’ordre du sacré. Je tends à être d’accord avec cet argument.

Dans tout cela, l’avis le plus énigmatique me semble être celui du philosophe Jean-Marc Tétaz présent au débat. Selon lui, « nos sociétés se fondent moins sur le tabou que sur l’interdiction. Il existe une distinction radicale entre le tabou – qui ne s’argumente pas – et l’interdiction – qui s’argumente ».
La loi qui dépénalise l’inceste toucherait donc selon lui à un interdit plutôt qu’à un tabou. Et de rappeler « qu’il n’y a dans la famille aucune dimension du sacré ». Ce sur quoi je ne suis pas d’accord, cela dépend des sociétés comme nous l’enseigne Lévy-Strauss.
La question est donc la suivante : l’inceste étant une interdiction sociale, nécessite-t-il une sanction pénale?
J’avoue que ce cher philosophe élève le débat, mais je ne m’en plains pas.
Notons cependant que le principal argument des opposants consiste à porter un regard spécial sur les liens de sang malgré les mutations sociales contemporaines, notamment les recompositions familiales.

Ce que je constate par ailleurs, c’est qu’au Brésil, l’inceste entre adultes n’est absolument pas un tabou encore moins un crime. Je connais beaucoup de personnes qui vivent en couple avec des cousins ou qui ont déjà vécu cette situation. D’autres ont eu des enfants. Jamais dans la famille restreinte.
La question qui se pose est celle de la santé mentale des enfants issus de liens incestueux. On observe aussi une hausse de risque de troubles psychologiques ou moteurs chez certains d’entre eux.
Du points de vue donc de la santé publique, quel rôle l’Etat doit-il jouer ici? Nous voici au coeur du débat entre libéraux et conservateurs. Je n’allais pas me priver de ce plaisir…
Quelle pourrait être l’évolution de ce thème en Afrique ou dans votre pays? dites-le-nous...
La vidéo complète du débat, ici:
https://www.youtube.com/watch?v=UZfOcRZqqEY#t=49
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