Oscar 2014 ou le triomphe du nombrilisme hollywoodien

Bon, il n’y a plus de suspens depuis ce matin. On connait la liste des films, réalisateurs et acteurs qui font figure de favoris dans la course aux Oscars décernés par l’Academy of Motion Pictures Arts and Sciences aux meilleurs représentants mondiaux du septième art.
Si la deuxième moitié de l’année a été plus que satisfaisante du point de vue de la production et de la qualité des films présentés tant aux Etats-Unis qu’à l’étranger, l’Académie fait montre d’une lâcheté inquiétante et d’un manque d’imagination dérangeant.
Hormis la surprise (pour moi) avec la présence dans la catégorie Oscar du meilleur film d’animation d’un français, Ernest & Célestine réalisé par Benjamin Renner et Didier Brunner, le constat est mitigé. A voir, donc!
S’il y a quelque chose d’assez lassant avec les Oscars c’est la fréquente présence de Meryl Streep parmi les nominations (18 fois) qui nous fait chaque année du… Streep. Et dire que certains arrivent à y trouver de l’innovation. On nous présente désormais une douce alternative en la personne de Jennifer Lawrence, moins de 30 ans et déjà un Oscar au compteur et deux nominations… que dire?
Mais où est le courage? Hollywood est-il à ce point en manque d’actrices?
Cette année, nous voilà obligés d' »aimer Gravity » d’Alfonso Cuaron que je n’ai pas vu; d’ailleurs, je ne compte pas le faire. Tenez-le comme ma protestation au culte de la 3D et des effets spéciaux à outrance. Le cinéma, ce n’est pas cela. Qu’est-ce que c’est que ce cinéma pour riche, élitiste et totalement out of reality? Qui en Afrique ira voir ce film en 3D, autant rêver. En Amérique Latine aussi cela reste hors de prix.
Ma critique contre ce blockbuster n’est pas qu’économico-classiste, loin s’en faut. Il s’agit plutôt d’un réfus de ma part de me plier à la dictature du numérique. Sur ce point je reste un puritain et je préfèrerait toujours ma collection de Hictchock à Gravity.
La catégorie « meilleur film étranger » nous offre une perle du bêtisier de l’année… comment? Pas d’Adèle? Il ne faut pas abuser tout de même. Autant je suis d’accord que The Hunt (La chasse), énorme critique du moralisme occidental, est supérieur à l’oeuvre de Kechiche, autant l’absence de La Vie d’Adèle me paraît absolument inadmissible.
Il leur a manqué un peu de courage aussi pour observer l’excellent film de Kleber Mendonça Filho, Neighbouring sounds, à croire qu’il n’ont pas lu la critique de A. O. Scott du New York Times. Quid aussi du canadien Denis Villeneuve qui signe le meilleur thriller de l’année, Prisoners avec un immense Jake Gyllenhaal.
Du courage, il en faudra surtout pour décerner l’Oscar du meilleur acteur à Chiwetel Ojiofor qui joue comme personne une scène de détresse.
Pour avoir vu et adoré The Grandmaster de Wong Kar Wei, je suis satisfait de la présence du directeur de la photographie français Philippe Le Sourd dans la catégorie « meilleure photographie », une juste réconnaissance pour un travail plus que correct.
La bonne nouvelle de ces nominations c’est quand même l’absence du très convenu Mandela: Long walk to freedom, film moyen et politiquement correct en parfaite synchronie avec la récente perte du peuple sud-africain… ce n’est pas parce qu’Idris Elba est dans le film que c’est forcément un chef-d’oeuvre. Pardon, Axelle Kaulanjan.
J’aurai pu parler aussi de Blue Jasmine (d’un Woody Allen moyen, comme toujours surévalué), de Capitaine Phillips (un grand film de propagande pro-US Navy), mais bon, laissons cela pour une prochaine occasion. Disons… en février!
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