Les six religions les plus importantes du Brésil ne sont pas celles que vous croyez

Article : Les six religions les plus importantes du Brésil ne sont pas celles que vous croyez
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17 août 2015

Les six religions les plus importantes du Brésil ne sont pas celles que vous croyez

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Qu’est-ce qu’une religion ? « C’est tout système de pensées qui établit une claire distinction entre ce qui relève de l’ordre du sacré et ce qui appartient au profane ». C’est  ce qu’on peut lire dans le livre fleuve d’Emile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse [PDF]. Et qu’est-ce qui relève du sacré alors ? Dans un système religieux, donc, c’est tout ce qui est frappé du sceau de l’interdit. Hum, on avance un peu. Maintenant, voyons quelles sont, à partir de cette petite définition, les six religions les plus importantes du Brésil. Je vous préviens tout de suite que ce ne sont pas celles que vous pensez.

Les anciennes grandes religions…

Si vous êtes étranger et qu’on vous demande de citer trois grandes religions au Brésil, je devine qu’il vous viendra à l’esprit de mentionner le catholicisme, le mouvement évangélique et peut-être même le candomblé si vous êtes un peu « zinzin »…

Je vous dirais tout de suite que vous vous trompez simplement parce que les religions que vous citez ne distinguent pas clairement ce qui relève de l’ordre du religieux et ne sont frappées par aucun interdit, du moins au Brésil. Tenez un exemple. Le candomblé, qui est une religion africaine très répandue dans l’Etat de Bahia, notamment parmi les stars du showbiz (!), que peut-il vous arriver si vous la critiquez ? Rien.

D’ailleurs se moquer des religions afro-brésiliennes est un sport collectif assez prisé, surtout par les médias. Prenons maintenant les évangéliques. Que vous arriverait-il en les critiquant publiquement ? Rien du tout. A contrario, ne pas les critiquer vous ferez passer pour un fou. Après tout, ces gens sont notoirement homophobes, ils pratiquent l’extorsion comme nos amis de la Scientologie …  ils sont contre l’avortement, ils sont pour la réduction de la majorité pénale, ils sont contre la consommation récréative du cannabis… les salauds ! Bref ils sont infréquentables.

Et les « cathos »? Bien qu’au Brésil, les catholiques n’organisent pas souvent de « Manif pour tous« , ils sont très bons pour mettre en place des manifs contre la démocratie, ou plutôt, en faveur de l’intervention militaire comme l’indique si bien le chercheur Richard Marin [PDF]:

L’Église catholique brésilienne s’est ralliée dans un premier temps au régime militaire avant de s’y opposer. Pourquoi un tel revirement ? Et comment rendre compte de la posture inverse du monde protestant, largement soumis à la dictature ?

A partir de mars 1964, les Marches de la famille, avec Dieu, pour la liberté, organisées par des associations civiles traditionalistes, prennent le relais. Rosaire et drapeau du Brésil à la main, d’impressionnants défilés se déroulent dans les grandes villes, les clercs en bonne place.

Cette photo a été prise par un collègue blogueur pour Mondoblog à Abidjan, Grand Bassan
Cette photo a été prise par un collègue blogueur pour Mondoblog à Abidjan, Grand Bassam

« Ne nous fixons pas d’objectifs »

Quelles sont-elles alors, ces religions? Il s’agit de Lula, l’ancien président du Brésil – futur aussi ? -; de l’actuelle présidente du Brésil – bientôt « ancienne » avant l’heure? -; d’un ancien présidentiable, Aécio Neves; du Parti des travailleurs (PT); du PSDB, l’éternelle opposition – depuis 2002 – et finalement de… Neymar.

Je vous le dis, en arrivant au Brésil, évitez ces six sujets si vous ne voulez pas qu’une conversation dégénère, un peu comme on fait en Côte d’Ivoire pour Laurent Gbagbo.

Pour Neymar, par exemple, le fait que l’UEFA ne l’a pas mis dans sa liste des trois meilleurs footballeurs de 2015 a été vécu comme un affront du côté de Rio et São Paulo. Pour les Brésiliens, dans le football, il y a « Saint Neymar » et les autres. L’ancien président Lula est l’autre religion du peuple brésilien. Enfin, ceux de gauche. Parce qu’à droite l’idole du moment se nomme Aécio Neves. J’éviterai de trop en parler… un de mes amis pourrait me lire.

Ensuite, il y a le PT. Ah le PT! Quel parti ! Pour certaines personnes le PT est la manifestation même de l’éthique en politique; alors que pour d’autres, c’est exactement le contraire. Je ne sais pas qui a complètement tort ou complètement raison (probablement personne). Je sais seulement qu’il y a des professeurs – membres du PT – qui préfèrent participer aux meetings du parti plutôt que donner cours… ils servent leur pays, disons-le comme ça.

Et puis, le PSDB, le parti d’Aécio Neves et du gouverneur de São Paulo, tous deux opposants de Dilma Rousseff. Ces trois-là jouissent d’une immunité auprès de leurs supporters qui relève de la religion. Du fanatisme même.

Même lorsque la présidente Dilma Rousseff énonce la plus grosse bêtise du siècle, elle trouve encore du soutien, preuve qu’elle n’est pas la seule à abuser de la caféine :

Ne nous fixons pas d’objectifs, mais dès que nous les atteindrons, nous tâcherons de les multiplier par deux ».

Et pourquoi pas par trois? Enfin, on en est là.

Quant à nous, les athées qui n’ont pas de fausses idoles et ne vénérons que les seules vraies divinités de l’univers – Maradona, Zidane, Bielsa et Clint Eastwood (oui, messieurs!) – il est très difficile de s’engager dans une discussion avec un Brésilien.

______

Pour plus d’informations et d’analyses sur le Brésil, suivez-moi sur Twitter: @sk_serge

P.S: Lien utile sur les manifestations de ce dimanche 16 août contre Dilma Rousseff. (en portugais)

 

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Commentaires

Guy Muyembe
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Puisque l'un de tes idoles portent le joli surnom de "el loko" j'imagine que ce qui se passe dans ta tête.Oh! Excuse-moi je ne dis pas que tu es "el loko" toi-même.

Serge
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Ah ah ah :)

franck
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Les Brésiliens la soutiennent visiblement...(une partie tout du moins ! )
"Manifestations de soutien à Dilma Rousseff dans 30 villes du Brésil

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté jeudi dans plus de 30 villes du Brésil. Elles ont plaidé pour le maintien de la présidente Dilma Rousseff au pouvoir, en réponse aux manifestations massives de dimanche qui réclamaient son départ.

Appelées par des syndicats et des mouvements sociaux, les manifestations ont pour la plupart démarré en soirée, notamment à Rio et à Sao Paulo. Selon les organisateurs, 140'000 personnes ont défilé dans le pays, 31'000 seulement selon des estimations partielles de la police de ce pays de 200 millions d'habitants.

Le principal objectif de la journée était de créer "un contrepoint à l'agenda conservateur" des manifestations de dimanche qui avaient réuni près d'un million de personnes à travers le pays, a indiqué à la presse la présidente de l'Union nationale des étudiants (UNE), Carina Vitral.

Ces mobilisations défendent le maintien au pouvoir de Mme Rousseff, dont la popularité est au plus bas, à 8% d'opinions favorables selon les derniers sondages. Toutefois, elles critiquent certaines mesures prises par le gouvernement comme l'ajustement budgétaire destiné à relancer la croissance. L'économie brésilienne tourne au ralenti pour la cinquième année consécutive."
(ats / 21.08.2015 02h22)

Serge
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Oui , oui , pour une fois, la gauche s'est mobilisée. Maintenant, regarde le traitement de ces manifs par Le Monde:
https://www.lemonde.fr/international/article/2015/08/21/a-sao-paulo-la-manifestation-ambigue-des-pro-dilma-rousseff_4732046_3210.html
Ambiguë donc selon Le Monde , c'est ainsi qu'on a qualifié les manifs de ce jeudi.
Or, dimanche le même journal trouvait les manifestations appelant au retour de la dictature d'une excellent goût:
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/08/17/dilma-rousseff-fortement-contestee-dans-la-rue_4727447_3222.html
Et d'un autre côté le New York Times plus mesuré et plus fouillé, pas étonnant qu'ils vendent plus: https://www.nytimes.com/2015/08/18/opinion/brazils-rising-turbulence.html?_r=1

franck
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Certes, le Brésil n'est pas la Grèce, mais Tsipas démissionnaire depuis quelques heures aura-................. le peuple avec de soi disante valeur de "gauche... 200 % du PIB de dette alors que le pays est riche contrairement à la propagande en matière première et qu'elle a un usage de son sous-sol en "BON PERE DE FAMILLE" la finance ne supporte pas cette manière de faire !(les millionnaires Grec et l'oligarchie financiere et les transcontinantales ont fait une juteuse affaire !!!)
J'espère qu'a terme se réveille de la gauche populaire ne se transformera pas en une arnaque de plus faisant du Brésil un pays a mains d'œuvre pas cher et une réserve en matières premières dans le groupe des brics... Affaire à suivre !!! Tu nous tiens au courant !

franck
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Certes, le Brésil n'est pas la Grèce, mais Tsipas démissionnaire depuis quelques heures aura-saut-dos-mise-et le peuple avec de soi disante valeur de "gauche... 200 % du PIB de dette alors que le pays est riche contrairement à la propagande en matière première et qu'elle a un usage de son sous-sol en "BON PERE DE FAMILLE" la finance ne supporte pas cette manière de faire !(les millionnaires Grec et l'oligarchie financiere et les transcontinantales ont fait une juteuse affaire !!!)
J'espère qu'a terme se réveille de la gauche populaire ne se transformera pas en une arnaque de plus faisant du Brésil un pays a mains d'œuvre pas cher et une réserve en matières premières dans le groupe des brics... Affaire à suivre !!! Tu nous tiens au courant !