15 octobre 2014

Le « coming out » des conservateurs

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Phénomène à la mode, surtout chez les stars, le coming out est devenu un rituel démocratico-libéral visant à sacraliser le voyeurisme. Michel Foucault, démolisseur des idoles en son temps, après (et avec) Nietzsche, nous avait pourtant prévenu dans Surveiller et punir [PDF].

Le coming out, donc. Cette réincarnation libérale de la confession qui inaugure chez les catholiques le « régime de vérité » que Foucault dénonçait et dont aujourd’hui l’exposition médiatique de la sexualité homoaffective (sous la forme d’une confession) marque l’apogée.

C’est cette même logique qui exige aux musulmans qu’ils « renoncent » publiquement au jihadisme par le biais d’un hashtag douteux: #NotInMyName. Ils sont rares, ceux qui ont perçu la supercherie

Le conservatisme décomplexé ronde librement nos rues. Il prend la forme de la Manif’ pour Tous, en France et du « Sem partidos! » – « sans partis politiques! » -, slogan récurrent pendant les manifestations de juin 2013 au Brésil. Il est multiforme… c’est un polymorphe.

Nous voici donc arrivés au Printemps des réactionnaires. Ils font leur coming out rassurés par l’impunité qui caractérise une époque pas du tout politiquement correcte, post-Reagan, post-Thatcher… bref, d’une droite conservatrice qui sort enfin de sa niche sans peur de se casser les dents.

On comprend donc qu’au Brésil, au moment même où le pays est divisé par les « tensions électorales », les réactionnaires de tout bord sortent de leurs armoires pour distiller leur haine:

Contre les Africains : porteurs héréditaires d’Ebola et du sida. A-t-on la richesse nécessaire pour s’acheter une sainteté? Clairement, non!

Contre les humanistes : parce que Cuba est leur habitat naturel. Sinon, il reste toujours le Venezuela.

Contre les pauvres : sauf Malala, récente Prix Nobel, donc béatifiée. Elle, bien sûr, « on l’adore », s’exclamait une journaliste de Globo comme si elle parlait d’une paire de chaussures Louis Vuitton… les pauvres, on les aime à deux conditions: qu’ils soient loin, mais surtout étrangers.

Voilà où nous en sommes. Les conservateurs ont réussi à retourner tous les symboles du progrès démocratique conscients du champ libre laissé par une gauche compromise avec le diable.

 

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