9 octobre 2014

João Santana, le « magicien » derrière Dilma Rousseff et… Eduardo do Santos

https://www.fabiocampana.com.br/2013/10/requiao-debocha/
João Santana, l’homme derrière Dilma Rousseff et Eduardo dos Santos

Qu’est-ce que Gustave Le Bon et le Brésil ont en commun? Rien, me direz-vous. Faux ! Gustave Le Bon et le Brésil sont deux passions d’un homme mystérieux que les médias brésiliens commencent peu à peu à sortir de l’ombre. Son nom? João Santana. Un nom qui rappelle immédiatement celui du chanteur sertanejo – la Country Music du Brésil – Luan Santana. João a également été chanteur, puis journaliste à succès (on y reviendra), mais c’est en tant que responsable du marketing politique de Lula da Silva puis Dilma Rousseff qu’il entrera dans l’histoire du Brésil… et de l’Angola aussi.

C’est en assistant à une émission politique sur Globo News que j’ai entendu pour la première fois le nom de João Santana. Vers la toute fin de l’émission, l’analyste politique de Globo News avertit qu’il faudra « s’attendre à une « bombe » de dernière minute que le PT plantera contre le candidat Aécio Neves. De telle sorte que ce dernier n’aura probablement pas le temps de réagir… car João Santana est un spécialiste en la matière ».

Qui est Gustave Le Bon? 

Si vous ignorez qui est Gustave Le Bon, sachez simplement que c’est à cet auteur français que l’on attribue les premières analyses du phénomène … des masses. Avec son livre La psychologie des foules [PDF, en français] , Le Bon devient le principal auteur de l’étude du comportement des foules qu’il caractérise, disons-le sommairement, comme fondé sur l’imitation et la suggestion.

Pour l’époque, la fin du XIX siècle, c’est une révolution. Mais les idées de l’homme feront date. Car aujourd’hui encore, il est récupéré, réinterprété, sans parler de l’usage qu’en font de nombreux spécialistes de la propagande ou de la criminologie.

João Santana place Le Bon parmis ses 60 écrivains / auteurs préférés. Santana s’appuie donc sur les idées de Le Bon et d’autres spécialistes de la propagande, dont un auteur russe, Serguei Tchakhotine (La mystification des masses par la propagande politique).

Remarquez le côté pragmatique de cet homme qui a fait une partie de ses études aux Etats Unis avant de revenir au Brésil et de se dédier au marketing politique.

Personne ne croit en la réélection de Lula

La revue Época rapporte que son premier contact avec le PT se produit en 2001 alors que Lula da Silva n’est pas encore confirmé candidat. C’est lui, João Santana, qui convainc le Parti des Travailleurs (PT) que Lula doit être le candidat à la présidence… on connait tous l’histoire.

En 2006, Lula fait face à l’immense scandale du mensalão (cliquez le mot sur recherche), un vaste mécanisme d’achat de votes au Parlement. Personne ne croit en la réélection de Lula… sauf Santana. Encore une fois, il fait mouche. Il faut rappeler que João Santana s’est fait connaitre dans le mileu politique au début des années 1990 par un reportage qui conduira à l’Impeachment de l’ancien président Fernando Collor.

Sachant que le portugais n’est pas une langue universelle, j’ai effectué une petite recherche qui m’a dirigé vers ce portrait dressé par le New York Times sur João Santana [ANGLAIS]. Pour les lusophones, ce long article de la Revue Época est absolument immanquable.

Le talent de Santana est immense au point de s’exporter. En Argentine, au Vénézuela où il fait réélir Hugo Chaves et plus tard, après la mort de ce dernier, s’occupe de la campagne de Nicolas Maduro, actuel président vénézuelien. Un record mondial.

Il est aussi chargé de la campagne de réélection de Eduardo dos Santos qui lui aussi sera réélu. Il reste que les montants de ses services ne sont pas connus…

Toujours dans cet entretien donné à Época, João Santana raconte que le « gouvernement Dilma » avait été surpris par les manifestations de juin 2013 qu’il compare aux huées dont fit l’objet Dilma Rousseff dans les stades pendant la Coupe du Monde: « C’est passager, cela n’aura aucune incidence sur les élections… c’est un tremblement de terre et personne ne peut prévoir un tremblement de terre ».

L’homme est comme ça. Sûr de lui. Il y a une part d’ombre sur sa personnalité et ses goûts littéraires; certes, sa relation avec un dictateur comme Eduardo Santos pose question, mais s’il existe un salut pour le PT et Dilma Rousseff, il viendra probablement du chapeau de João Santana… comme par magie.

 

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