Lettre à Paulo Coelho, « chantre » de l’opportunisme
Le Brésilien Paulo Coelho retourne sa veste. Je ne l’ai pas vu venir et je m’en veux un peu. C’est dans la salle d’attente de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny que j’ai eu connaissance de l’intention de l’écrivain vedette de boycotter la Coupe du Monde du Brésil. Lui qui avait soutenu aux côtés de Lula la candidature du Brésil à l’organisation de ce Mondial 2014 se veut aujourd’hui défenseur des malheureux Brésiliens.
Paulo Coelho nous joue une belle partition d’opportunisme et peut-être pense-t-il être en train de rédiger un de ses romans indigestes… et cette fois-ci, il se place au coeur de l’intrigue, en parfait alchimiste retourneur de veste…
Cher monsieur Coelho, vous avez déclaré que Ronaldo est un imbécile, en référence aux propos désastreux d’Il fenomeno qui nous avait poussés à écrire un billet critique dénonçant le crépuscule des idoles. Je vous comprends. Mais, il y a un « mais ».
Vous vous estimez donc être une meilleure personne que Ronaldo da Lima, mais le timing de votre sortie médiatique dans le Journal du Dimanche ne joue pas en votre faveur.
C’est un peu tard, monsieur Coelho de retrouver une « conscience publique » à quelques semaines du début de la Coupe du Monde. En critiquant Ronaldo, c’est votre propre incohérence et mauvaise foi que vous laissez transparaître.
Contrairement à vous, Ronaldo ne s’est pas affiché à côté du dirigeant sportif du football le plus corrompu de l’histoire du Brésil, je cite, Ricardo Teixeira. En effet, on vous voit recevoir, en 2007, la Coupe du Monde avec Lula, Dunga et Romário (tiens, un autre retourneur de veste) des mains de Ricardo Teixera.
Il me semble aussi que vous vieillissez mal cher monsieur Coelho, un peu comme Pelé que vous allumez également dans une récente interview où vous affirmez que « le Brésil déteste Pelé… qu’il a quelque chose qui ne marche pas. » Mais, de quoi parlez-vous, voyons ? Le Brésil adore son roi. Et si l’on se moque parfois des pronostics de Pelé, c’est souvent dans la bonne humeur… Ne confondez pas vos fantasmes avec la réalité. On sait bien que vous auriez voulu être Pelé. Là, bien au fond de votre âme, se cache un petit regret de ne pas avoir eu la popularité incontestable de l’enfant prodige de Três Corações.
En passant, « l’imbécile Ronaldo » est également adoré ici. D’ailleurs, ça c’est quelque chose qui m’a toujours surpris : Ronaldo, c’est un peu le Zidane des Brésiliens. Le frère idéal, le gendre idéal, l’ami idéal… on lui pardonne tout.
Cher monsieur Paulo Coelho, j’ai l’impression que vous avez perdu tout sens de la réalité par rapport au Brésil. Détrompez-vous, les Brésiliens vont remplir les stades, ils regarderont avec bonheur et honneur les dribles de Neymar, les petits pas de danse dont seul Fred a le secret.
Pour tout vous dire, je marche dans les rues, et partout, j’aperçois des drapeaux verde e amarelo accrochés aux voitures, aux fenêtres des immeubles, etc. Les bars, les pharmacies se sont mis aux couleurs nationales… le pays respire déjà la Coupe du Monde.
Je ne dis pas que la déception n’existe pas. Il y a évidemment des choses plus importantes dans la vie que le football; cependant, ignorer l’importance de ce sport dans la production de l’auto-estime nationale de vos compatriotes est une faute grave.
Il y aura effectivement des manifestations de rue pendant la Coupe du Monde, mais ce ne sera pas parce que vous l’aurez souhaité, ou parce que votre « indignation » aura ému le peuple… un peuple que vous ne connaissez pas, assurément !
Contrairement à Romário, qui a retourné sa veste de bonne heure, votre démarche n’a fait que confirmer cette image négative que j’avais de vous – Ô, célèbre écrivain médiocre, qu’on se le dise.
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