Les sondages à l’heure du buzz

Article : Les sondages à l’heure du buzz
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9 avril 2014

Les sondages à l’heure du buzz

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crédit : Rock1997 / Wikimedia Commons

Il fallait du courage pour admettre publiquement l’erreur de l’une des plus importantes institutions de sondage du Brésil. Et Marcelo Neri en a eu. L’actuel président de l’IPEA, encore plus célèbre après la publication d’un sondage révélant que 65 % des Brésiliens étaient d’accord avec le viol des femmes légèrement vêtues, a donné une interview annonçant que le sondage était truffé d’erreurs. En réalité, seulement 25 % des Brésiliens pensent que certaines femmes méritent d’être violées…

Pas mieux, me diriez-vous. Mais la différence entre 65 % et 25 % est énorme tout de même… ça change tout à l’heure d’Internet.

C’est au Panamá qu’il apprend l’existence d’erreurs dans ce fameux sondage qui a déclenché la campagne #NaoMereçoSerEstuprada – je ne mérite pas d’être violé – sur les réseaux sociaux, comptant notamment sur l’appui de Dilma Rousseff, présidente du Brésil.

J’avais écrit sur ce blog que l’authenticité d’un tel sondage était à prouver et je ne me suis pas trompé. Dès l’instant où j’ai pris connaissance de ces chiffres, je me suis demandé: « où sont donc ces personnes qui pensent ainsi? Je n’en connais pas une seule en six de vie au Brésil… les Brésiliens seraient-ils aussi cyniques que cela? « 

Selon Marcelo Neri qui a donné une interview au journal « O Globo« , l’IPEA (Institut de recherche économique appliquée) serait « victime d’un complot de la part des personnes qui veulent nuire à son institution », et d’ajouter « qu’après la publication des premiers chiffres, l’institution a été victime du buzz provoqué par l’absurdité d’une telle conclusion sur la culture du viol au Brésil ». Ça n’a donc pas été facile d’admettre publiquement son erreur (commise en son absence, il faut le signaler). Des têtes sont d’ores et déjà tombées…

En outre, Marcelo Neri a informé qu’il s’est excusé auprès de la présidente Dilma Rousseff qui s’est personnellement engagée dans cette affaire, notamment sur… Twitter, naturellement !

En tout cas, cette information rappelle l’importance de vérifier les informations en journalisme et même, d’aller plus loin, en remettant en question certains sondages. D’où par exemple la pertinence du Fact Checking et de la rubrique décodeur du Monde.fr.

C’est vrai que le journalisme a toujours été une forme de Fact- checking, mais avec l’émergence d’Internet, il faut redoubler d’efforts dans ce sens.

Pour ma part, j’utilise la maxime cartésienne du doute. Depuis ma formation à Dakar, l’année dernière, j’ai pris une nouvelle conscience de la vérification des faits, surtout à l’heure du buzz… même si c’est vrai que le buzz a un côté addictif

Je me rappelle aussi de cette vidéo publicitaire qui avait fait le buzz au Brésil, il y a un an. A l’époque j’y avais cru… c’est vrai, mais les faits étaient moins graves.

Une autre question se pose maintenant : qui a voulu provoqué cette polémique et dans quel but ? Le contexte actuel du Brésil étant assez morose et proche de l’explosion, la Coupe du Monde qui pointe à l’horizon et l’élection présidentielle qui se précise également

 

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Commentaires

Marine
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Est-ce que je peux dire que ça me rassure?! 25% c'est gros, mais 65%!!! Quand on dit qu'il ne faut pas croire aux sondages.... Tout est manipulation, et à qui profite le crime? Comme tu poses si justement la question...

Serge
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25% c'est aussi un problème, quand même ... il faut surtout dire que la presse brésilienne n'a pas joué son rôle et a répercuté l'information mondialement... le mal est fait

DEBELLAHI
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C'est à dire qu'il y a 25 % de violeurs potentiels au Brésil, ou quoi ? Revenir de 65 % à 25 %, demeure scandaleux. Comment peut-on trouver dans l'accoutrement ou le comportement d'une femme, une raison de l'agresser ?
Beau travail, et grande perspicacité.

Serge
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Tout à fait d'accord avec toi...