Pétrole brésilien: la violence s’invite dans la cour
Les négociations durent depuis des mois sur les modalités de distribuition des revenus pétroliers que pourraient rapporter les nouvelles réserves du pré-sal brésilien. En même temps, dans un hotel de Rio de Janeiro, un appel d’offres est organisé pour définir le mode d’exploitation des dites réserves (Lien en portugais qui vaut la peine d’être traduit). Des manifestants – aussi difus que l’on puisse imaginer – dénoncent la forme unilatérale qui caractérise la prise des décisions dans cette affaire.
Mais ce qui frappe le plus dans cette nouvelle polémique, au-délà de la “question du pétrole”, c’est la place qu’occuppe la violence dans les modes opératoires des manifestants à Paris, à Istambul comme à Rio de Janeiro.
Depuis Juin dernier, le débat a refait surface en terres auriverdés: quelle est la manière la plus démocratique de manisfester? La vague de protestations qui avait enflammé le pays a laissé des mauvais souvenirs chez les autorités comme chez le citoyen lambda; la plus part du temps, les manifestants ont pris à partie les passants, les journalistes et les policiers…
D’où la création de deux catégories de manisfestants: ceux qui comprennent les usages de la démocratie et agissent comme tel, c’est-à-dire à la façon d’un Gandhi, par la non-violence; et ceux qui sont simililaires aux terroristes, les vandales!
Les manifestants de ce lundi à Rio ont choisi d’agir par la violence. Et par la même occasion ils ont assumé le risque de se faire basher par la presse main stream ainsi que par la classe politique.
Le problème est que la plus part de ces hommes et femmes – activistes – qui manisfestent (souvent contre la surproduction pas du tout écologique – Total, Shell et deux chinois seront les principaux exploitants du secteur) considèrent être eux-mêmes victimes d’une violence étatique, voir capitaliste difficile à encadrer. Et dans ce cas, comment répondre à la violence, sinon par la violence?
En fait, il convient, pour l’analyste prudent, de séparer le fond de la forme et de ne pas “jeter le bébé avec l’eau du bain”.
Et donc, de se demander si les révendications de ces centaines de personnes sont légitimes? Qui sont ces manisfestants? Car depuis juin, on sait que les mouvements de masses sont récupérés par des extremistes et dans le cas actuel peut-être par des puissantes forces économiques contraires à la politique de croissance du gouvernement. D’autant plus que dans la soirée de lundi la présidente Dilma a dû faire une allocution télévisée appelant à la compréhension des humbles brésiliens et brésiliennes…
A Rio, disais-je, les manifestants ont brûlé une voiture appartenant à la chaîne de télévision Globo (très impopulaire parmis les classes moyennes), attaqué des journalistes, empêché des écoliers de rentrer chez eux, dérangé les touristes sur Copacabana…
En choisissant ce mode opératoire, ils ont assumé le risque de voir leurs révendications catégorisées comme des actes de violence et de vandalisme. La forme colonise le fond et toute critique est abolie. Pour les manisfestants anti-pré-sal, il faudra maintenant retrouver l’appui politique de l’opinion publique car ils sont pris dans une vaste campagne d’isolement médiatique…
Ces mêmes manisfestants fustigent la violence des forces policières qui, il faut le dire, économisent rarement le gaz et le spray au piment (poivre) pour repousser les contestataires… mais ces derniers n’ont pas la force of law comme source de légitimité de leur action.
En mars dernier, j’étais le traducteur d’une conférence internationale sur les études anarchiques, et j’ai eu le bonheur de connaitre l’un des plus grands intellectuels de ce qu’on pourrait appeller l’extrême gauche américaine, l’anarcho-primitiviste John Zerzan. Ce dernier defendait par exemple la légitimité de l’action du Black Bloc qui fait de l’usage de la violence sa principale arme politique. Ce mouvement s’est par ailleurs importé au Brésil devenant quasi omniprésent dans toutes les manifestations de rue.
C’est en ces moments précis que je me rappelle qu’aucune révolution ne se fait sans violence… mais aussi que dans une démocratie, régime des faibles comme vous et moi, c’est par le débat que l’on arrive aux compromis.
Le jour où la violence prendra le dessus sur la Politique, nous cesseront d’exister…
N.B: vous l’aurez compris, cet article ne traite fondamentalement que de la question de la violence, et non pas de celle du pétrole.
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