Les chefs d’états sur Twitter, c’est pas crédible
Des nombreux chefs d’états se sont mis aux réseaux sociaux, leur champion étant sans doute l’américain Barack Obama, précursseur de l’utilisation des nouveaux médias comme instrument d’optimisation électorale. Le nouvel arrivant du club des “présidents connectés” est l’iranien Hassan Rohani. Ce dernier avait annoncé sur Twitter l’appel téléphonique historique de son homologue américain.
President Rouhani appointed Ms. Shahindokht Mowlaverdi as VP & Head of Center for #Women & Family Affairs pic.twitter.com/3J9yXbxO5l
— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) October 8, 2013
Si les deux hommes politiques font la paix sur les réseaux sociaux, la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, utilise le microblog pour critiquer les récentes révélations d’espionage d’entreprises brésiliennes par les canadiens. Coup de gueule via Twitter, c’est pas beau ça?
Exigimos explicações & mudanças de comportamento por parte dos americanos. — Dilma Rousseff (@dilmabr) October 6, 2013
Edward Snowden tire leur sommeil aux gouvernements occidents, et au compte-goûte toujours, Glenn Greenwald nous abreuve d’informations via la chaîne de télévision Globo. On en redemande, pauvres addicts que nous sommes!
Ce qui m’impressionne dans tout ça c’est le comportement des médias qui traitent les informations publiées sur les comptes officiels des présidents comme des paroles dites effectivement par ces derniers. Plus besoin d’attaché de presse? Cette communication directe remodèle la communication politique basée sur la réflexion et le mûrissement des arguments, voir sur la retention d’informations.
Maintenant, il n’y a plus de pudeur. Les chefs d’états pestent sur les réseaux comme des citoyens normaux. Le président togolais adepte de Twitter inquiète même ses compatriotes… Je suis jeune mais je me souviens d’une époque où les présidents maintenaient une image assez protégée, basée sur l’idée que la parole du chef est rare. Tout cela jouait en faveur de l’amplification de leur autorité, de leur charisme; l’aura du chef résidait dans le fait d’un discours laconique et rare. Aujourd’hui la logique des réseaux surexpose les chefs d’états, banalise leurs paroles, les décrédiblise et pire, les expose à la contradiction.
Tout le monde sait que ce ne sont pas les chefs d’états eux-mêmes qui administrent leurs comptes Facebook ou Twitter, mais les médias continuent de rapporter leurs tweets comme des « positions officielles ». Une chose est intéresssante à noter, c’est que les erreurs [quand elles sont commises] nuisent considérablement à l’image du président, et rarement un bon usage des réseaux sociaux a un impact favorable sur le public. La preuve, on ne retient que les ratés. En clair, disons que si un président commet une gaffe sur son microblog cela aura sans doute une répercussion négative sur son image, mais chaque fois qu’il l’utilise au mieux sa cote ne remonte pas automatiquement dans les sondages.
Je note tout de même que l’exception à la règle c’est bien le couple Obama, qui n’utilise le réseau que pour transmettre une image positive, des videos familiales avec leur nouveau chien, plutôt light. c’est que le couple [Barack et Michelle] en soi est particulièrement intéressant et inédit, du fait même de leurs origines afro-américaines et tout ce que cela implique dans une société américaine historiquement raciste et ségrégationniste.
Il y a quelques semaines je m’interrogeais sur le fait que la diplomatie brésilienne semblait dangereusement être influencée par les médias, à la publication de toute nouvelle information sur le schéma d’espionage US, le gouvernement brésilien réagissait soit par une convocation d’un ambassadeur soit par une note officielle. Désormais, il faudra aussi surveiller Twitter.
Ce n’est pas que je sois vieux jeu ou conservateur, dépassé par la logique des réseaux… loin s’en faut. Je suis moi même pris dans cette spirale de connectivité [je prépare de fait un master sur les NTICs et l’empowerment en Afrique francophone], tout de même, il me semble que nos représentants devraient faire plus attention à l’utilisation intempestive des réseaux.
Ah oui, une chose me revient à l’instant. Savez-vous qu’elle personnalité mondiale est l’exemple parfait de comment il ne faut pas utiliser Twitter, surtout quand on appartient aux “sphères du pouvoir”? Jean Michel Aulas. C’est aussi parce que dans son cas, c’est vraiment lui qui tweete. Ceux qui ont suivit l’affaire Gomis savent de quoi je parle.
Pas correct les remarques de Pierre Ménès dans mon dos ! Pourquoi ces mimiques de frustrés ? Il devrait être content que Bafé marque non ? — Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) September 22, 2013
Je suis atterré par certains commentaires et heureux de la prestation de mes joueurs contre une bonne équipe espagnole Royal Bêtis:allez OL
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) September 19, 2013
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