Les spécialistes du monde
La mort de Chavez et la répercussion qu’elle a eu dans le monde m’a fait réfléchir sur un vieux thème qui date des années 1970 et que l’on oublie souvent. Evidemment, ce sujet a été lancé en grande partie par le professeur Edward Said, palestinien né à Jérusalem et qui a vécu en Egypte.
C’est pourtant aux Etats Unis qu’il fera toute sa carrière académique. Si ça vous intéresse d’en savoir un peu plus sur sa vie, cliquez ici.
Ce n’est pas de Said que je veux parler mais de l’importance de sa pensée.
Tout d’abord, un petit détour.
J’ai écouté pas mal d’inepties sur l’administration d’Hugo Chavez, des propos tenus par des « spécialistes » qui n’avaient pas la moindre vision générale de la situation politique et sociale en Amérique Latine . Quand on nous dit par exemple que l’Etat contrôle les médias au Vénézuela, c’est faire preuve d’une telle incohérence. La plus importante chaîne de télévision du pays est privée et a participé à la tentative de coup d’Etat contre Chavez en 2002. Mais en parle -t- on aujourd’hui?
Qui parle pour nous? Dites-le moi!
Dans toute l’Amérique Latine, aucun gouvernement ne contrôle les médias à l’exception de Cuba. C’est pourquoi en Argentine une réforme des médias est en passe d’être approuver, elle devrait permettre de réduire substantiellement le monopole du groupe Clarín.
Prenons un autre exemple. Jusqu’à présent, il est difficile de se faire une idée claire sur la situation au Mali. Ni même de savoir qui sont les principaux acteurs impliqués dans ce conflit armés, quelles en sont les causes. La formule qui contente tout le monde c’est de dire que le Mali est le nouveau nid du terrorisme mondial. Et bientôt le Cameroun.
Sur les plateaux des télévisions, je ne vois aucun malien ou vénézuelien qui nous parle de son pays, qui nous explique la complexité sociale et politique de son pays. Ne vous y trompez pas, rien n’est simple ici.
Tout ça me renvoie aux idées d’ Edward Said qui a vu – en son temps – le discours sur « l’Orient » être pris en otage par des « spécialistes du monde » que personne ne pouvait démentir.
C’est toute la structure médiatique qui est remise en cause. Le discours est pris en otage et il est instrumentalisé.
Stéphane Huët a raison lorsqu’il revendique un rôle décisif des blogueurs dans la diffusions des idées, des opinions et des informations. Mais sur ce dernier sujet, je rejoins la lecture un peu folle mais juste de Nicolas Dagenais. Je doute tout comme lui.
Le décès d’Hugo Chavez, la guerre au Mali et tant d’autres sujets; la politique au Togo ou le développement de la Grande Caraibe, je préfère écouter la voix de la périphérie.
Franchement, moi si je vais savoir quelque chose sur le Cameroun j’irai volontiers sur les blogs de Jackson, Ngimbis, Salma ou Danielle… Si c’est la Mauritanie qui m’intéresse je lirai bien sûr Sneiba. C’est la même chose pour le Mali, je suis plus disposé à savoir ce que Faty en pense qu’un autre grand média du monde. Ses articles vivent et respirent la passion qu’elle a pour son pays. L’authenticité de son point de vue m’intéresse particulièrement. Comment ne pas être admiratif face à l’engagement d’une jeune journaliste comme Josiane Kouagheu? Je lui rend hommage au passage.
C’est vrai qu’il m’est arrivé de ne pas être d’accord avec René Jackson sur un thème assez polémique – Douala ville sexuelle – mais j’aime mieux ça.
Pour revenir à la question posée ci-dessus, je pense que nous devons changer notre façon de voir les choses. Ne nous demandons pas pourquoi certains spécialistes parlent de nous, de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique Latine, du Mali, de la Chine, ou de Chavez… La question que je me pose est c’est celle-ci: Où sont donc nos spécialistes?
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