Hugo Chavez, quel futur pour l’Amérique Latine?
On attendait peut être déjà la nouvelle d’une certaine façon, mais l’annonce de la mort d’ Hugo Chavez a fait l’effet d’une bombe au Brésil et en Amérique Latine de manière générale.
Hugo Chavez meurt à 58 ans après une longue maladie (cancer) qui a visiblement eu des implications politiques pour le pays déjà bien divisé après les dernières élections qui l’obligèrent à partager la sphère politique vénézuelienne avec Henrique Capriles (44 % de voix face Chavez).
Révolutionnaire bolivariste de tendance très marxiste, Hugo Chavez ne plaisait pas aux politiciens conservateurs des Etats Unis, ceux-ci le voyaient comme le digne héritier d’une idéologie soviétique anti-américaine. Evidemment, cela relevait d’une vision manichéenne de la politique mondiale.
La structure sociale et politique du Vénézuela est similaire en plusieurs aspects à celle du Brésil notamment dans la distribution inégales des richesses, historiquement favorable aux populations blanches. Dans les deux pays, les médias sont dominés par des familles traditionnelles et font opposition constante aux partis de gauche. Les victoires conjuguées de Hugo Chavez, Lula da Silva (Brésil), Evo Morales (Bolivie) et Rafael Correa (Equateur) ont transformé la structure socio-politique de leurs pays respectifs. Les différentes oligarchies d’Amérique Latine – qui détiennent aussi les médias – se sentent constamment menacées par l’ascension de ces politiques progressistes et indépendantistes.
Certes, Chavez était militaire, certes il avait tenté un coup d’Etat en 1992, mais il a radicalement amélioré la vie de ses concitoyens, notamment celle des plus pauvres. C’est grâce à une redistribution plus équitable des revenus du pétrole que Chavez a réussi à gagner l’adhésion massive de sa population.
On reprochera toujours à Chavez l’excès de concentration de pouvoir et le manque de transparence politique sur certaines affaires comme les Droits de l’Homme (à lire prochainement sur ce blog). Tout cela a joué dans le freinage d’un processus démocratique bien entamé au Vénézuela.
A la différence de Lula da Silva qui sut assurer sa succession s’opposant à une modification de la constitution malgré un avantage certain au parlement, ce qui lui aurait permis de briguer un troisième mandat, Huga Chavez n’a pas hésité à se faire réélire trois fois. Au total, il resta au pouvoir pendant 14 ans. Ce sera sûrement son principal échec politique.
Il laisse un pays fragilisé en proie à des divisions structurelles, au sein même de son propre partie.
Il n’ y a pas que le Vénézuela qui souffrira des conséquences de la mort de Hugo Chavez mais bien toute l’Amérique Latine en manque de leadership clair dans un contexte où l’Argentine et le Brésil peinent à s’affirmer comme des « modèles » à suivre. Si le Brésil s’est imposé comme la principale puissance économique du continent, il n’a toujours pas pu s’affirmer en voix politique capable de parler au nom de l’Amérique Latine. Le Mercosur est en constante crise depuis sa création.
C’est un vrai scénario Shakespearien qui se profile à l’horizon. le Vénézuela est plongé dans une véritable tragédie politique à l’image de celle qui figure dans la légende du roi Lear.
Le président du parlement devrait provisoirement assumer la présidence de la république en attendant l’organisation des nouvelles élections. Mais pour tous ceux qui suivent de près la politique vénézuelienne, il est clair que des mois sombres sont devant nous… des très longs mois.
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