Port d’armes: une tendance du nouveau monde?

Article : Port d’armes: une tendance du nouveau monde?
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23 décembre 2012

Port d’armes: une tendance du nouveau monde?

(Ministério da saúde)

Alors que la question relative au Droit de porter une arme à feu refait surface en Amérique, après le massacre d’une vingtaine d’enfants, je me propose de faire une petite comparaison avec la situation au Brésil. Comme aux Etats-Unis, la société brésilienne est marquée par un taux élevé de violence urbaine; néanmoins les raisons sont bien différentes pour le cas du géant d’Amérique Latine.

Il faut quand même rappeler qu’en 2005, les dirigeants brésiliens ont imposé un véritable débat national sur le droit au port d’arme allant jusqu’à organiser un référendum sur le sujet. On posait alors la question suivante aux brésiliens: « le commerce d’armes à feu et de munitions doit-il être prohibé au Brésil?« . Aux termes de cette consultation, la population s’exprima majoritairement en faveur du Non, et malheureusement la vente d’armes à feu continue dans les villes brésiliennes.

Quelques précisions s’imposent tout de même; elles sont le résultat de la loi sur le désarmement promulguée par l’ex-président Lula. Seules les personnes de plus de 25 ans, ayant prouvé n’avoir aucun antécédent criminel ont le droit d’acheter une arme. Il faut en outre montrer une attestation d’aptitude psychologique et physique pour en être « digne »; en plus de cela les civils n’ont pas le droit de se déplacer avec leurs armes « bien acquises ». Le port d’armes se limite donc à sa propre résidence – ou à son lieu de travail – sauf exception. N’empeche qu’en 2011, le pire arriva dans une école de Rio de Janeiro lorsqu’un jeune homme tua plus de 12 personnes avant de se suicider. La même année, la Police Fédérale mena une vaste campagne de désarmement  aux termes de laquelle plus de 22 millions d’unités furent retirées de la circulation moyennant une somme d’au plus 150 dollar.

Il y a une grande différence entre ce qui se passe au Brésil et la situation dramatique des Etats-Unis où plus de 300 millions d’armes à feu sont en circulation, soit une arme par habitants. Si les américains restent encore très réticents à la fin du second amendement, les brésiliens ont pour leur part organisé un vrai débat national, même s’ils décidèrent en faveur du maintient du statu quo.

La question du port d’armes au Brésil est foncièrement liée à la violence reconnue comme étant le propre des populations noires, d’où la résistance de la classe moyenne – et de certains milieux de droite – de voir un changement précipité qui plongerait rapidement le pays dans le chaos.

Le cas américain est politique. La première difficulté du gouvernement sera de résister à la contre-offensive des lobbies d’armement qui controlent le congrès. C’est la démocratie américaine qui est en danger, dans un contexte où toute la population est capable de se procurer une arme.

Des différents rapports publiés ces dernières années ont d’ailleurs montré l’évolution du Brésil par rapport à leur voisin du Nord, les Etats unis. Au regard de ces publications, la guerre est loin d’être l’unique cause de la violence et de la mortalité violente, il s’agit surtout d’une conséquence des choix politiques.

Barack Obama – qui n’a plus rien à craindre ou à perdre – a maintenant l’occasion d’entrer dans l’histoire; cette fois-ci pour d’autres raisons que son appartenance ethnique, mais plutôt par son héritage politique. Il lui suffit d’être ferme et d’imposer une révolution sociale aux Etats-Unis en limitant fortement la vente d’armes, une mesure qui serait aussi importante que l’abolition de la peine de mort que Mitterrand a légué à la France. Ne lisez pas les sondages monsieur Obama, agissez selon votre conscience!

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Commentaires

Ben
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Un sujet qui fait et continuera à faire couler beaucoup d'encre et une véritable casse-tête. Récemment, le gouvernement américain a divulgué l'idée de renforcer la sécurité au niveau des écoles en augmentant le personnel armé; je me suis simplement poser la question de savoir si cela servirait à quelque chose, puisque le criminel entrera, tuera ou mieux massacrera, se suicidera et la police ou la sécurité, comme toujours, arrivera en retard.
Ce qui est vrai est que la violence est bien présente dans les cités développées, tel est le cas cas de Rio de Janeiro et São Paulo-Brésil, que la population civile n'a pas d'autre choix que celui de se taper une arme pour se protéger; cela confirme-t-elle l'incompétence des gouvernements, tant américain comme brésilien, d'assurer la sécurité des personnes et biens circulants dans leurs territoires, comme le stipule la constitution de plus d'un? D'une chose j'ai la ferme certitude: La révision des normes et lois sur la vente et le port d’armes pourrait être une solution.